-
La lune trop pâle
Caresse l'opale
De tes yeux blasés
Princesse de la rue
Soit la bienvenue
Dans mon cœur blessé
Les escaliers de la butte sont durs aux miséreux
Les ailes des moulins protègent les amoureuxJean Renoir
votre commentaire -
Si par une nuit d'hiver un voyageur approche du palais, Omer, le vieux prince des lieux, s'inquiète. Quand il entend les pas du voyageur, il regagne la bibliothèque où il retrouve l'enveloppe jaune, restée ouverte tout le jour sur la table. Les traces d'hier blanchissent pour disparaître, se décomposer avec le temps et ailleurs construire des palais. Le palais d'Omer est ouvert aux quatre vents. Le jeune étranger ouvre la porte d'honneur d'un geste effronté, des lambris glissent le long des murs, les lustres mats s'auréolent de toiles d'araignées absentes. L'étranger marche en écho dans les salles désertes, son pas pressant claque sur les planchers. Sa voix résonne dans la buée froide de l'hiver. Bien au fond, le maître des lieux, vieillard crispé dans son fauteuil sans confort, se révulse à l'imminence de l'intrusion fatale. Le vieil homme voudrait arrêter la venue de cet autre, inconvenable ; dans son monologue inquiet, il tente de chasser l'intrus dont les pas approchent de salle en salle. Quand la dernière porte qui les sépare s'ouvre sous la poussée magnifique et insolente de l'étranger, l'hôte affaibli, le visage blanc aux traits durcis, esquisse un geste pour repousser celui qui apparaît. Le vieillard s'affaisse soudain, le bras tremblant, tendu pour écarter sans y parvenir le jeune téméraire.
Les yeux clos, le moribond sent la mort approcher. Il entend son souffle glacé parvenir jusqu'à ses joues blanches. Quand la main douce et pleine de l'étranger se pose sur son avant-bras, il tressaille. « Puis-je vous aider ? » L'hôte des lieux lève la tête et ose regarder celui qui est venu. Devant lui se tient un jeune homme, blond aux yeux clairs, au sourire à fossettes et à la mâchoire grave, le vieillard n'a pas imaginé que la mort ait ce visage, c'est donc un ange ? Omer pâlit davantage à la pression de la main et du regard du jeune inconnu. Toute sa vie, le vieil homme a attendu la venue de la mort et de l'énigme. Ce soir, elle se tient là devant lui, et contre toute attente, la mort chuchote des paroles apaisantes. L'hôte regarde pleinement maintenant cette figure et cette silhouette rassemblant les sens de la vie et de la mort. Omer tente de se lever, soudain réchauffé, la main du jeune homme l'aide. Soudain, il ne sent plus la pression amicale, ni le regard interrogateur et chaleureux. Dans la pièce il se trouve seul et le vent balance la porte. Il relit le message glissé dans l'enveloppe jaune : « Demain se présentera à vous celui que vous attendez... ». La suite du message est effacé par ses propres larmes. La mort a eu pitié du vieillard, ou bien n'est-ce après tout qu'un cauchemar, toujours le même qui revient depuis le début de sa maladie ? Le vieillard se lève tristement et attend la venue de son infirmière.
votre commentaire -
Dans la fumée qui s'élève
Je consume ton image
Dan l'apaisement qui s'installe
Ta présence enlace l'absence.
Immobile, je m'approche de toi
Jusqu'en toi
Jouissance infinie où je suis toi
Sourire de Bouddha.
Dans cette conquête qui achève la quête
La valse lente d'une larme
Tout en joie de toi
Embrase les corps.
Dans l'extrême plénitude
Une vague de pluie fine
Erode la mémoire
Et la fond dans la gorge humide.
votre commentaire -
Dieu, en son lointain
L'œil morne, l'œil noir, l'œil désir
Tout à la fois souffle
La brume des paysages harmonieux,
L'écume de la mer en furie,
Le corps nu des amants.
Sur la croix haute, il souffre
Est-ce un gémissement
Ou un ultime abandon ?
Ses lèvres sourient, sèches
Et son corps tombe en gouttelettes de vie
La mort lente s'approprie son âme.
Le prophète a emporté la lumière
Eternelle de ses yeux.
Il n'a pas laissé à la foule
Le temps de toucher du doigt
L'éternité
Il l'a emportée sur sa colonne vide.
votre commentaire -
Je ne leur offrais que mon profil
Et encore je l'aurais fondu en blanc opaque
Pour sombrer dans l'anonymat.
Mais le peintre dessina un œil,
Un nez et une bouche.
Il ne réussit qu'à esquisser une grimace mortifère
Sourire denté de travers
A l'œil étiré en tache d'effroi.
votre commentaire