• Ça ne tourne pas rond
    Ma vie de soubrette
    Dans l'alcôve marron
    Ils soufflent mes œillettes
    Tous mes petits messieurs
    Qui brandissent leur fortune
    A mes jeux capricieux
    Faut bien gagner sa tune
    Y me font la révérence
    Pour mieux lapper leur enfer
    Et moi je m'en balance
    Je préfère ton regard vauvert
    Quand tu me mets à l'envers.

     

    Illustration :
    iles ménines, détail
    Paul Marandon
    http://www.paulmarandon.com/

     


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  • La mia bella dona
    je me coule oeuvre
    à tes pieds.
    Je me tapis
    aux ombres de tes sept collines.
    Au nom du père
    et de tous tes seins
    je bois à ton calice.
    Au sang de tous tes fils
    je suis crucifié.
    La mia bella putana
    sous ta lune haram
    ti voglio di bene.
    Mon jour de gloire
    s'effondre à tes armes.
    Ma citoyenne
    je marche à genoux
    pour sillonner ta liberté impure.
    Je romps tous mes serments.
    Toutes mes vérités
    je les abandonne
    pour boire en vampire soumis
    à ton sang d'immortelle.
    Gira gira
    Eppur si muove
    me souffle Galiléo.
    Renonce à tes sens
    me balbutie Boudha.
    Mais à tes vœux d'enfer
    je me soumets.
    En loup je cherche
    dans la lumière de tes nuits
    tes yeux de louve insoumise
    inch'allah


    Illustration :
    les dessous du paysage plâtre, verre ...
    Paul Marandon

     


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  • Se laisser brûler par le soleil. Etre moite, lourd, la tête sans pensées, peuplée de rêves au goût de chair. Voir la mer se fendre contre les flancs du bateau, vouloir la caresser mais ne pas se pencher. La mer glisse et nous oublie. Etre chaud, avoir des gestes lents et fixer les passagères. Fermer à demi les paupières et les surprendre à vous regarder. Jouer à les troubler pour être troublé soi-même.


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  •   

    Nous n'avions pas rendez-vous. C'est certain. Tout a commencé ce matin d'avril, j'avais passé la nuit avec C*. Apaisée. Sereine ?  Peut-être pas. Au matin, il était pressé, une consultation dans son nouveau job de...

    Non, ce n'est pas comme ça. Je ne peux pas commencer comme ça.

    C'était une période de ma vie très troublée. J'avais vécu pendant plusieurs années avec A*, nous venions de nous quitter, j'étais paumée. Le premier homme qui passait...

    Non, ce n'est pas possible, je ne peux pas raconter l'histoire comme ça. Ce qui est vrai, je n'avais pas rendez-vous. Aujourd'hui, mon fils est derrière cette vitre, dans une chambre d'hôpital, il a dix-sept ans et j'ai risqué de le perdre. Tout ça parce que, dans les premiers jours d'avril, il y a presque dix-huit ans, je n'avais pas rendez-vous. Qu'est-ce qu'on peut dire à son fils ? Qu'est-ce qu'on peut lui raconter qui soit racontable ? La vie n'a pas de logique. La réalité est sans valeur morale. Elle nous bouscule comme les boules d'un billard électrique.

    Un rendez-vous ? Voulez-vous prendre rendez-vous ?

    Ce matin d'avril, à 10h45, je montais les escaliers de la bibliothèque de l'université. C'était là que je croisai B*. Il y avait six mois que nous ne nous étions pas revus. Je ne savais même pas qu'il était de retour en France. Je ne passais jamais à la bibliothèque à cette heure et en général je préférais celle du campus. Il n'y avait aucune raison pour que je sois là quand B* descendait les escaliers de la bibliothèque. Il n'y avait aucune raison pour que je l'évite.

    « Tu me tues ». Sa phrase dans ma tête quand nous faisions l'amour. Nous avons pris un café. Prendre un café. Nous n'avions pas rendez-vous. Nous sommes retournés dans mon appartement, un appartement d'étudiant. Cet appartement était banal, la tapisserie était verte ; sur un des murs une seule peinture : la dame en jaune, qui ne m'a jamais quittée. Le canapé était étroit, mon lit était défait. Le reste suivit comme chaque fois que je rencontrais B*.

    Il faudra beaucoup d'années plus tard pour que je me lasse de son corps, pour que mon désir s'échappe et que je m'en étonne. En cette fin de matinée, nous avons repris nos échanges, là où ils s'étaient interrompus six mois plus tôt. Six mois, c'est long, six mois c'est court. Nous n'avions pas rendez-vous mais nos corps s'en souvenaient. Midi, nous avons pris le temps de déjeuner, de reprendre un café. B* repart. Il n'était jamais parti. Il n'est jamais resté.

    L'après-midi, j'avais rendez-vous. Cette fois-ci, j'avais rendez-vous. Ou plutôt, A* venait de me téléphoner, il voulait prendre un café avec moi. Bien. Je l'attendais dans mon appartement. Je lui ai parlé de B*. Je n'aurais pas dû. A* m'interrogea, s'interrogea, goûta par procuration à mes amants. Je me donnais à l'homme qui m'aimait et que je fuyais cruellement. Il me quitta pour son travail, de nuit, il était veilleur de nuit pour payer ses études. Ça se fait quand on est fils de prolo. A 19 heures, il me laissa seule dans mon appartement. La nuit tombait. Je sortis. Pub anglais pour commencer la soirée. Je n'avais pas rendez-vous mais dans cet endroit, c'était certain, je retrouverais des autres.

    C'est là que je croisai D*, c'était un étudiant étranger avec un accent charmant. Nous avions des amis communs, je savais que je lui plaisais. Nous avons passé la soirée ensemble. La nuit était tombée quand nous avons rejoint le jardin sur la colline qui surplombe la ville. Nous avons admiré le ciel, son manteau d'étoiles, les scintillements de la ville et ses atours. Nous avons marché pieds nus dans les pelouses du jardin public. Nous avons glissé. C'était fatal. Je ne me débattis pas. J'avais rendez-vous avec mon quatrième amant de cette journée particulière.

    Qu'est-ce que je peux dire à mon fils dans sa chambre d'hôpital ? Je ne sais pas qui est ton père. Cette année-là, ce jour-là, d'une nuit à l'autre, je ne leur ai pas dit non. Est-ce que cela suffit à vouloir mourir parce qu'on a trop de pères dans les veines ? 

    Le silence dans sa chambre m'affole et s'unit à mon silence de mère.

     

    photo : Richard Vantielcke LudImaginary

    www.ludimaginary.net

     


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    Lundi soir L'Empereur, sa femme et le p'tit prince
    Sont venus chez moi pour me serrer la pince
    Au lavoir j'fais la lessive de mes petits, je suis sortie

    Mardi soir
    L'Empereur, sa femme et le p'tit prince

    Sont venus chez moi pour me serrer la pince
    A la fontaine, j'puise l'eau pour mes marmots, je suis sortie

    Mercredi soir
    L'Empereur, sa femme et le p'tit prince

    Sont venus chez moi pour me serrer la pince
    J'cherche pour mes chérubins des baies sauvages, je suis sortie

    Jeudi soir
    L'Empereur, sa femme et le p'tit prince

    Sont venus chez moi pour me serrer la pince
    Dans les vergers, j'cueille des fruits pour mes chéris, je suis sortie

    Vendredi soir
    L'Empereur, sa femme et le p'tit prince

    Sont venus chez moi pour me serrer la pince
    Avant la pluie j'glane le foin de mes bébés, je suis sortie

    Samedi soir
    L'Empereur, sa femme et le p'tit prince

    Sont venus chez moi pour me serrer la pince
    J'fais les ménages pour gagner leurs p'tites vies, je suis sortie

    Dimanche matin
    L'Empereur, sa femme et le p'tit prince
    Sont venus chez moi pour me serrer la pince
    Le temps est beau au jardin avec mes enfants, je suis partie

    Le p'tit prince a dit
    Puisque c'est comme ça
    Nous ne reviendrons pas !

     

    photo : Richard Vantielcke LudImaginary

    www.ludimaginary.net

     


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