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Ça ne tourne pas rond
Ma vie de soubrette
Dans l'alcôve marron
Ils soufflent mes œillettes
Tous mes petits messieurs
Qui brandissent leur fortune
A mes jeux capricieux
Faut bien gagner sa tune
Y me font la révérence
Pour mieux lapper leur enfer
Et moi je m'en balance
Je préfère ton regard vauvert
Quand tu me mets à l'envers.
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La mia bella dona
je me coule oeuvre
à tes pieds.
Je me tapis
aux ombres de tes sept collines.
Au nom du père
et de tous tes seins
je bois à ton calice.
Au sang de tous tes fils
je suis crucifié.
La mia bella putana
sous ta lune haram
ti voglio di bene.
Mon jour de gloire
s'effondre à tes armes.
Ma citoyenne
je marche à genoux
pour sillonner ta liberté impure.
Je romps tous mes serments.
Toutes mes vérités
je les abandonne
pour boire en vampire soumis
à ton sang d'immortelle.
Gira gira
Eppur si muove
me souffle Galiléo.
Renonce à tes sens
me balbutie Boudha.
Mais à tes vœux d'enfer
je me soumets.
En loup je cherche
dans la lumière de tes nuits
tes yeux de louve insoumise
inch'allah
Illustration : les dessous du paysage plâtre, verre ...Paul Marandon
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Se laisser brûler par le soleil. Etre moite, lourd, la tête sans pensées, peuplée de rêves au goût de chair. Voir la mer se fendre contre les flancs du bateau, vouloir la caresser mais ne pas se pencher. La mer glisse et nous oublie. Etre chaud, avoir des gestes lents et fixer les passagères. Fermer à demi les paupières et les surprendre à vous regarder. Jouer à les troubler pour être troublé soi-même.
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Nous n'avions pas rendez-vous. C'est certain. Tout a commencé ce matin d'avril, j'avais passé la nuit avec C*. Apaisée. Sereine ? Peut-être pas. Au matin, il était pressé, une consultation dans son nouveau job de...
Non, ce n'est pas comme ça. Je ne peux pas commencer comme ça.
C'était une période de ma vie très troublée. J'avais vécu pendant plusieurs années avec A*, nous venions de nous quitter, j'étais paumée. Le premier homme qui passait...
Non, ce n'est pas possible, je ne peux pas raconter l'histoire comme ça. Ce qui est vrai, je n'avais pas rendez-vous. Aujourd'hui, mon fils est derrière cette vitre, dans une chambre d'hôpital, il a dix-sept ans et j'ai risqué de le perdre. Tout ça parce que, dans les premiers jours d'avril, il y a presque dix-huit ans, je n'avais pas rendez-vous. Qu'est-ce qu'on peut dire à son fils ? Qu'est-ce qu'on peut lui raconter qui soit racontable ? La vie n'a pas de logique. La réalité est sans valeur morale. Elle nous bouscule comme les boules d'un billard électrique.
Un rendez-vous ? Voulez-vous prendre rendez-vous ?
Ce matin d'avril, à 10h45, je montais les escaliers de la bibliothèque de l'université. C'était là que je croisai B*. Il y avait six mois que nous ne nous étions pas revus. Je ne savais même pas qu'il était de retour en France. Je ne passais jamais à la bibliothèque à cette heure et en général je préférais celle du campus. Il n'y avait aucune raison pour que je sois là quand B* descendait les escaliers de la bibliothèque. Il n'y avait aucune raison pour que je l'évite.
« Tu me tues ». Sa phrase dans ma tête quand nous faisions l'amour. Nous avons pris un café. Prendre un café. Nous n'avions pas rendez-vous. Nous sommes retournés dans mon appartement, un appartement d'étudiant. Cet appartement était banal, la tapisserie était verte ; sur un des murs une seule peinture : la dame en jaune, qui ne m'a jamais quittée. Le canapé était étroit, mon lit était défait. Le reste suivit comme chaque fois que je rencontrais B*.
Il faudra beaucoup d'années plus tard pour que je me lasse de son corps, pour que mon désir s'échappe et que je m'en étonne. En cette fin de matinée, nous avons repris nos échanges, là où ils s'étaient interrompus six mois plus tôt. Six mois, c'est long, six mois c'est court. Nous n'avions pas rendez-vous mais nos corps s'en souvenaient. Midi, nous avons pris le temps de déjeuner, de reprendre un café. B* repart. Il n'était jamais parti. Il n'est jamais resté.
L'après-midi, j'avais rendez-vous. Cette fois-ci, j'avais rendez-vous. Ou plutôt, A* venait de me téléphoner, il voulait prendre un café avec moi. Bien. Je l'attendais dans mon appartement. Je lui ai parlé de B*. Je n'aurais pas dû. A* m'interrogea, s'interrogea, goûta par procuration à mes amants. Je me donnais à l'homme qui m'aimait et que je fuyais cruellement. Il me quitta pour son travail, de nuit, il était veilleur de nuit pour payer ses études. Ça se fait quand on est fils de prolo. A 19 heures, il me laissa seule dans mon appartement. La nuit tombait. Je sortis. Pub anglais pour commencer la soirée. Je n'avais pas rendez-vous mais dans cet endroit, c'était certain, je retrouverais des autres.
C'est là que je croisai D*, c'était un étudiant étranger avec un accent charmant. Nous avions des amis communs, je savais que je lui plaisais. Nous avons passé la soirée ensemble. La nuit était tombée quand nous avons rejoint le jardin sur la colline qui surplombe la ville. Nous avons admiré le ciel, son manteau d'étoiles, les scintillements de la ville et ses atours. Nous avons marché pieds nus dans les pelouses du jardin public. Nous avons glissé. C'était fatal. Je ne me débattis pas. J'avais rendez-vous avec mon quatrième amant de cette journée particulière.
Qu'est-ce que je peux dire à mon fils dans sa chambre d'hôpital ? Je ne sais pas qui est ton père. Cette année-là, ce jour-là, d'une nuit à l'autre, je ne leur ai pas dit non. Est-ce que cela suffit à vouloir mourir parce qu'on a trop de pères dans les veines ?
Le silence dans sa chambre m'affole et s'unit à mon silence de mère.
photo : Richard Vantielcke LudImaginary
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Lundi soir L'Empereur, sa femme et le p'tit prince
Sont venus chez moi pour me serrer la pince
Au lavoir j'fais la lessive de mes petits, je suis sortieMardi soir
L'Empereur, sa femme et le p'tit prince
Sont venus chez moi pour me serrer la pince
A la fontaine, j'puise l'eau pour mes marmots, je suis sortieMercredi soir
L'Empereur, sa femme et le p'tit prince
Sont venus chez moi pour me serrer la pince
J'cherche pour mes chérubins des baies sauvages, je suis sortieJeudi soir
L'Empereur, sa femme et le p'tit prince
Sont venus chez moi pour me serrer la pince
Dans les vergers, j'cueille des fruits pour mes chéris, je suis sortieVendredi soir
L'Empereur, sa femme et le p'tit prince
Sont venus chez moi pour me serrer la pince
Avant la pluie j'glane le foin de mes bébés, je suis sortieSamedi soir
L'Empereur, sa femme et le p'tit prince
Sont venus chez moi pour me serrer la pince
J'fais les ménages pour gagner leurs p'tites vies, je suis sortieDimanche matin
L'Empereur, sa femme et le p'tit prince
Sont venus chez moi pour me serrer la pince
Le temps est beau au jardin avec mes enfants, je suis partieLe p'tit prince a dit
Puisque c'est comme ça
Nous ne reviendrons pas !
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