• Autiste de terre
    le dernier pavot a blanchi
    l'ozone efface avale engloutit
    les dieux s'égrènent ailleurs
    l'espoir a gelé
    la terre n'est pas promise
    le bleu s'embrunit
    aucune silhouette courbée
    dans les champs sans labours
    les sillons craquent comme un cœur
    quand l'amour a vécu


    Autiste de terre
    la sécheresse des mille nuits
    n'est pas un conte
    la romance est un vieux souvenir
    qui dépérit
    les vampires ont sucé les sèves des forêts
    les derniers cris des arbres asphyxiés
    ont sifflé dans les jours devenus nuit
    les orties cramoisies ont frémi


    dans les mers mortes
    les prophètes marchent à sec
    les colombes ne font pas la paix
    leurs ailes déployées de leurs corps inertes
    s'étalent en croix dans les poussières des plages
    les lianes amazoniennes s'effritent
    en claquant dernier bruissement de vie
    les terriers sombres sont couverts d'ossements
    les voiles sont noires sous les horizons de néant


    autiste de terre
    la vie se cache dans les gouffres de souffre
    dans mille ans peut-être
    un être nouveau surgira
    gardera-t-il la mémoire
    de ceux-là ?

     


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  • Le jour que je t'avais perdue
    je ne le savais pas.
    Chaque passante dans les rues te ressemblait
    et je touchais le bas de leur robe
    pour reconnaître ton parfum.
    Ce n'était jamais le tien.

    Le ciel s'est éloigné
    et ne t'a jamais rendue
    à la petite fille que j'étais.
    Je ne savais pas encore
    ces choses que les adultes ont  tant de mal
    à apprendre.


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  • J'ai mis mon casque
    j'ai accroché mon paquetage
    je me suis assis dans la chaloupe
    j'ai craché dans la mer attentive
    j'ai regardé mes compagnons
    nos coeurs en vrac avaient le même tempo
    j'ai pas parlé
    j'ai pas prié
    j'ai regardé le ciel gris en reflet dans les eaux
    là-bas la côte fumait
    là-bas la brume accrochait son manteau de mort
    j'ai sauté dans les vagues d'écume
    rien de vénus
    il fallait faire le boulot
    j'aurai lancé ma lance
    j'ai lancé un cri
    je ne savais pas
    que la fureur m'envahirait
    je ne savais pas
    que la fureur me donnerait la force
    j'avais plus de mémoire
    j'avais plus de paradis
    j'allais mourir ou bien vivre
    dans les airs sifflaient les obus
    autour de moi les balles éclataient les corps
    je les ai vus flotter dans les nuages
    tous les guerriers de l'Histoire
    aux visages creusés, aux visages noirs
    ils se déployaient à nos côtés
    nous transmettaient leur rage
    et la mer vomissait ses vagues
    et le ciel noircissait le temps
    le jour J j'ai posé mes pieds
    sur une plage explosée
    y paraît qu'au bout la Liberté s'éveillait.


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  • Ils prennent des lignes blanches
    celles qui conduisent derrière les miroirs
    leurs yeux se sont brisés aux brèches du temps
    y a des raptus qui explosent
    dans le camp adverse
    ils marchent à l'envers des paysages
    ça les repose
    les chèvrefeuilles et leur parfum
    les étoiles et leur scintillement
    ont le goût de pourrissement et de faux serments
    à quoi ça sert le néant des grands espaces
    ils s'essoufflent dans l'air impur des cimes
    les abimes au-dessous flottent à leurs jambes
    dans la poussière ils remontent
    le lit des rivières asséchées
    à la vue de leur file soldatesque
    les poissons y poussent des rires acérés
    le croassement rauque des corbeaux
    emplit le ciel blanc d'ozone
    et retombe en écho sur les granits violets
    bientôt les balles siffleront
    bientôt les bombes claqueront
    et leurs dents crisseront
    leurs mains trembleront
    leur ventre s'étouffera
    leur coeur cessera de cogner
    la mort prochaine étendra
    ses voiles gris sur la plaine
    rouge de la vie perdue


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  • La fille du sultan, belle et sereine
    S'en allait chaque jour, d'un pas sûr
    Vers l'heure du soir à la fontaine,
    Où les eaux blanches murmurent.

    Chaque jour le jeune esclave demeure
    Vers l'heure du soir à la fontaine,
    Où les eaux blanches murmurent;
    Il devient chaque jour plus blême.

    Un jour la princesse avec un ton
    Soudain, s'approche de lui :
    Je veux connaître ton nom,
    Celui de ton clan, de ton pays !

    Je m'appelle, l'esclave répliqua,
    Mohammed, je viens du Yémen,
    Je suis de la tribu d'Asra,
    De ceux qui meurent quand ils aiment.

    Heinrich Heine

     

    Täglich ging die wunderschöne
    Sultanstochter auf und nieder
    Um die Abendzeit am Springbrunn,
    Wo die weißen Wasser plätschern.

    Täglich stand der junge Sklave
    Um die Abendzeit am Springbrunn,
    Wo die weißen Wasser plätschern;
    Täglich ward er bleich und bleicher.

    Eines Abends trat die Fürstin
    Auf ihn zu mit raschen Worten:
    “Deinen Namen will ich wissen,
    Deine Heimat, deine Sippschaft!”

    Und der Sklave sprach: “Ich heiße
    Mohamet, ich bin aus Yemen,
    Und mein Stamm sind jene Asra,
    Welche sterben, wenn sie lieben.”


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