• A quatre heures, ce jour,
    Maxime s'est pendu à sa ceinture de cuir
    Manon a succombé à sa maladie de sang
    Melissa s'est asphyxiée à ses sourdes crises
    Leurs adolescences n'ont pas résisté aux mains
    Des tueurs tapis dans l'ombre.

    Que restent-ils des pères qui les ont conduits par les chemins
    Bertrand se tait sous son armure fêlée
    Luigi se heurte à ses angoisses mortelles
    Arthur se tord dans les bars à bière
    Rien ne sauve leurs chairs des étoiles fatales
    Celles qui n'éclairent même pas la nuit.

    Que restent-ils des mères qui les ont menés au monde
    Anna flotte dans les rues à la recherche du sol
    Isabelle au crépuscule ouvre les yeux sur le vide
    Mariane arrache la mauvaise herbe de son gazon
    Rien ne sauve leurs ventres des anémones empoisonnées
    Celles qui se trainent aux courants océaniques.

    Ils sont suspendus dans le vide sans conscience.
    Leurs ailes déchirées battent au vent.


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    La Robe, La Véranda, Flowerbone, avec ses trois premiers romans aux veines philosophiques, Robert Alexis créent des univers poétiques magnétiques. Son style raffiné se met au service  d'une narration éliptique, ses thèmes troublants créent pour le lecteur un ravissement envoûtant. Ce n'est pas l'énigmatique romancier qui plaît, c'est sa recherche éperdue, incessante de nous confier les voiles de l'humain. Trois romans et trois petits tours bordés de lignes infranchissables, des vertiges littéraires pour nous souvenir de la complexité humaine.

    Son quatrième roman, Les Figures, plonge dans les limites de l'humain, la connaissance absolue jusqu'au sacrifice de soi.

     

    A propos de Flowerbone

    Robert Alexis nous entraîne sur des pistes brouillées et essentielles. On assiste à la troublante incarnation d'un cyborg en femme. Yvonne -rappel d'une autre au-dessous du volcan ?- naît en se respirant femme, l'argile devient chair. Pourquoi doit-elle, pour se vivre femme, côtoyer le monde des gangsters newyorkais, leurs codes d'honneur qui avilissent les femmes ? En devenant prostituée, la Cyborg, nouvelle prêtresse, rejoint-elle les prostituées sacrées des temples antiques ?

    Face à la métamorphose du cyborg, Andréas, guerrier moderne, incarne le principe masculin : un Icare puissant et viril, qui cherche avec ses ailes d'acier à échapper à la matière, dépasser les limites en utilisant la technique absente d'idéologie, « franchir cette frontière ouvrant sur l'indicible ». Yvonne, la Cyborg, connaît sa mission : rejoindre Andréas. Comment Andréas découvre-t-il sa propre mission, quel ciel lui a-t-il livré ce mystère ? Le récit ne nous délivre aucun indice. Mais Yvonne et Andréas se reconnaissent.

    Après la sauvagerie de la civilisation, cruelle et crue, Flowerbone nous dépose aux côtés d'Andréas et Yvonne, au Caire. Un jeune Egyptien, « aux beaux yeux noirs », les nomme Geb et Nout, les amants jumeaux de la mythologie. La ferme africaine du Kenya -hommage à Karen Blixen-, est leur dernière destination. Dans cette contrée première, symbole de la naissance de l'humanité, le couple est accueilli par les guerriers et les sages. Le chaman ritualise leur union. Les amants s'unissent dans une tente protectrice. Le chaman guette l'arrondi du ventre, et s'éloigne satisfait. L'enfant des origines est prêt à naître dans ce territoire qui ne cesse d'engendrer l'humanité. L'univers est prêt à l'accueillir.


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