• Avant de lire cette lettre, respire son parfum, entends ses bruits, ils sont de l'Afrique. Ils viennent d'un point noir, au cœur du triangle bombé de l'Afrique. Bien loin des rives de la Méditerranée et de ses mythes familiers. Loin des îles bleues de l'Egée. Loin de la Naples souterraine et des côtes ibériques. Loin de l'étoile de la Palestine.

    Cette lettre roule de tous les fleuves lents et furieux de l'Afrique, de ses steppes jaunes et de ses forêts millénaires.

    Cette lettre glisse jusqu'à toi, resté au cœur de l'Europe, au cœur de mes pensées. Par-dessus le ciel voilé de l'Afrique, ta main se tend à l'infini de mes désirs. Elle inonde mes paupières et bien plus loin.

    Cette lettre, aucun facteur n'aura le cœur de la déposer dans ton allée. Cette lettre restera en souffrance.


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  •  

    C'était vous, vous,
    vous gisiez en ma chair, j'étais
    pénétrée, étais
    pleurante, je tendais nos petites morts vers vous, votre souffle
    désobéissait, c'est
    toujours en moi, vous
    dormiez, n'est-ce pas ?

     

    Le lieu où ils gisaient, il avait un nom- il n'en avait pas
    Ils ne gisaient pas là. Quelque chose
    gisait en eux. ils ne voyaient pas à travers.

    C'est moi, moi,
    je gisais entre vous, j'étais
    ouvert, étais
    audible, je tendais les doigts vers vous, votre souffle
    obéissait, c'est
    toujours moi, vous
    dormiez n'est-ce pas ?


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  • Je ne me suis jamais posé
    Tourbillon
    Comme pavillon
    Trop facilement aimé
    Mal épris

    J'accrocherai des peaux
    Au rocher
    Eternelle ignorance
    Jusqu'à ce que je te reconnaisse
    Dans ma mémoire

    Tes voiles m'attachent
    Je me suis détaché jadis
    Moi l'insatisfait
    Au dernier jour
    Je reviens vers toi
    Trop tard

    Le tourbillon de la vie
    T'emporte au loin
    Pas trop loin
    La vie n'est pas une tragédie
    Sinon je vogue

    Ne cherche pas le désespoir
    Dans mon regard
    Je suis trop vieux
    Pour cette inélégance

    La jeunesse ne compose pas
    La vieillesse a accepté
    Depuis longtemps
    La vie et sa mélancolie

    La vieillesse depuis longtemps
    Guette avec lucidité
    La passion du désir
    Comme un mystique
    En prière.


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  • Faussaire 

    Lucide âme, hier amoureuse des mâles,

    L'enchantement, qui attisait tes mille ardeurs,
    S'accroche à des toiles d'araignées sans pudeur
    Ma belle, tu butes à leurs envies bestiales

    Résigne-toi, mon cœur, dors d'un sommeil léger

    Ton esprit invaincu demeure en un royaume
    Où l'amour toujours combat les monstres
    Aux goûts envahis par les acerbes désastres
    Plaisirs, ne tentez plus un cœur têtu de môme

    L'Hiver dépose son doux pelage enneigé

    Et le Temps bruissant dans ma chair suspend son vol
    Du profond océan il advient pour unir
    De l'Aurore au crépuscule j'entends venir
    Mon bien-aimé vigoureux aux belles paroles

    Floraison, veux-tu égréner ta protégée ?

     


     

    Le goût du Néant, le vrai

    Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
    L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur,
    Ne veut plus t'enfourcher! Couche-toi sans pudeur,
    Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle bute.

    Résigne-toi, mon coeur; dors ton sommeil de brute.

    Esprit vaincu, fourbu! Pour toi, vieux maraudeur,
    L'amour n'a plus de gout, non plus que la dispute;
    Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flute!
    Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur!

    Le Printemps adorable a perdu son odeur!

    Et le Temps m'engloutit minute par minute,
    Comme la neige immense un corps pris de roideur;
    Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur,
    Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.

    Avalanche, veux-tu m'emporter dans ta chute?


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  • Oui, votre queue ne saurait plus qu'aucune fourche
    à mon cœur captif filtrer ses meilleurs élans.
    La blanche opale a-t-elle plus de chatoiements
    que la perle lucide coulant à ma bouche ?

    Votre queue possède cette force guerrière
    qui délasse mes armures si capricieuses.
    La flèche d'Amour est-t-elle plus impérieuse
    que votre mouvement ondulant en mes chairs ?

    Votre queue renferme ce céleste amphotère
    qui rythme mes courbes en d'étranges murmures.
    L'étalon exalté a-t-il plus belle allure
    que la hampe galante plongée en mes terres ?


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