• Sur le bord de la table l'allumette,
    Le doigt suspendu
    Suit la mesure du violon,
    Repousse l'allumette au bout rouge
    Tombe l'allumette
    Très bas sur le sol nu.

    Imperceptiblement une deuxième allumette
    Sur le bord aigu penche
    Sur le sol nu,
    La deuxième allumette est tombée
    Très bas contre l'orteil froid.

    Entre les doigts jaunis
    La cigarette tourne
    Objet entre la paroi lisse de demain
    Et l'écran des souvenirs.
    Demain n'a pas d'avenir
    L'immobilité l'inonde
    Placide l'attente, suspendu l'esprit
    En repos de l'illusoire espoir.

    Je bois à la coupe fraîche
    De la solitude aisée.


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  • Je n'ai pas vécu de l'autre côté du mur.
    Ici, ils disent que nous sommes libres.
    Je ne sais pas.
    De quoi suis-je libre ?
    C'est vrai, je ne suis pas obligée de porter un voile.
    C'est vrai, je n'ai pas peur des avions dans le ciel.
    Tout parait calme.
    Alors d'où vient cette peur larvée ?


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  • Tes pas de danse se faufilent en bleu dans mes après-midi de faune. Tes danses me jouent des camps de concentration. Je reste couché là sur le ventre, le visage appuyé au sol, de ce point de mire, je ne vois que tes chevilles qui se délacent. Tu ne fais que danser la vie, tu estimes perdue toute journée où tu n'as pas dansé au moins une fois. Moi je rampe à tes genoux et tu ne vois rien. Tu ne vois pas dans tes jambes croisées et décroisées mon oeil qui s'entrelace à tes pas. Je te sacre comme un printemps quand l'hiver couvre de givre mes joues mal rasées. Je guette dans le cadre de la porte, celui qui entrera, pour te ravir à moi.


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  • Je l'avais pourtant cloué au sol. J'avais même réussi à l'enterrer comme la hache. De guerre lasse elle s'était évaporée. Même pas un nuage. Rien. Rien. Que du palpable, du réel, de la journée à s'emplir les poumons, le cœur et tous les organes. J'avais fait le ménage, j'avais balayé devant ma porte. Rien, rien, je n'avais rien laissé au hasard. Changement de métier. Changement de ville. Changement d'habitude. Elle avait renoncé. Elle était restée sur le bord des chemins de poussière, elle s'était recroquevillée dans les caniveaux gras des cités. Elle avait fini par rouiller, par être oubliée, par s'oublier à elle-même. Le soleil pouvait se lever après la nuit, aucun nuage à l'horizon. La simplicité. La naïve vie sans ombres. Putain, j'avais tout juste. Tout était bien à sa place, l'arbre à fleurs, les poissons dans le bassin, le balcon ensoleillé. Tout. Vous savez bien ce que je veux dire. La vraie vie quoi, celle qu'on met en vitrine, pour dire, regardez je n'ai plus d'ombre. Je n'ai plus d'égarements. Plus de friture dans la ligne. Même pas peur. Même pas du faux. Non, rien que du vrai, rien à dire sur le divan, tout lisse, tout joyeux. Pleinement disponible à la vie. Jusqu'à oublier qui on est. Là dans le virage, putain, la garce, elle m'a reconnu. Elle m'a sifflé. Elle m'a plaqué au sol avec ses empreintes. Elle a redessiné mes ombres. Putain, la voilà qui est revenue. Putain, je l'avais oubliée, j'avais oublié ses enserrements, ses enroulements, ses longues étreintes. Dire que les poètes se l'arrachent. Garce de mélancolie.


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  • Tu ressembles encore à l'aveugle de Thèbes
    Tes yeux n'ont pas de couleur.
    Ma bouche d'Ondine est muette
    Je tais ton nom.
    Comme Eurydice je n'entends que ton pas puissant
    Et ta démarche m'est inconnue.
    Demain peut-être mes nuits se peupleront de ton nom
    Demain peut-être je sentirai ton odeur
    Et connaîtrai l'étreinte de tes bras
    Demain peut-être je sortirai de la pierre.


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