• Le vague de sa robe noire (version à rimes)

     

     

     

     

    La vague de sa robe noire en va-et-vient
    Danse à ses mollets de soie au creux de la nuit
    Je l'invite à me suivre dans un bar, audace
    Elle acquiesce, avec cet air d'indifférence
    Regard hardi que je prends pour de l'insolence
    Et qui est sa parure, son unique force.

    Derrière le masque, pas de masque

    Elle n'exprime rien, choisit d'être à moi
    Si choisir représente encore quelque chose
    Elle n'a pas à dire comment ni pourquoi
    Elle se prête à moi cette nuit si j'ose
    Elle choisit d'entrer dans ce bar avec moi
    Dans le tumulte froid des jours comme une pause.

    Derrière le masque, pas de masque

    Les habitués sont dignes sans arrogance
    Comme tous les gens qui fréquentent cette rive
    Elle les connaît, elle leur ressemble, absence
    Et pourtant elle est d'ailleurs, d'une autre dérive
    Nous ne parlons pas. Nous regardons à l'entour
    Curieux des autres, crainte de nous, détours.

    Derrière le masque, pas de masque

    Soudain, elle me raconte notre histoire
    Avec les mots que j'attendais, damnée mémoire
    Sans complaisance, elle en décrit tous les temps morts.
    Bien avant moi, elle a déroulé notre sort
    Le sens caché sous les rencontres égarées.
    Un homme est entré, je sens qu'elle le connaît.

    Derrière le masque, pas de masque

    Il avance à notre table et s'assoit près d'elle
    Elle me sourit étrangement, si près d'elle
    Un sourire qui signifie que tout est dit,
    S'il n'y a pas d'espoir, à quoi bon en souffrir
    Elle fait signe à l'homme ils se lèvent ensemble.
    Elle m'a jeté son regard d'avant, je tremble

    Derrière le masque, pas de masque

    Je ne sais pas où l'homme à son charme l'entraîne
    Je ne sais s'ils avaient rendez-vous, souveraine
    Je la vois s'éloigner, par cet homme enlacée
    Le vague de sa robe danse à ses mollets.

    Sous leur masque, pas de masque, désirs ardents


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  • Grèce, pays éternel, sous la lune orange
    Grèce, recueil d'infini aux visages d'ange
    Grèce qui te cache dans tes rêves voilés
    Grèce qui voyage dans tes bateaux ailés.

    Tes paysages chauds aux odeurs de jasmin,
    Tes pierres blanches se sont gravés sans fin
    Dans l'esprit du monde comblé d'éternité
    Où s'enfuit toute trace d'intranquillité.

    Grèce, en cheminant sur tes anciennes voies
    Tu m'as ouvert ton âme au-delà des émois
    Ton vent de liberté caché dans tes maisons
    M'emporte dans tes champs de révolution.

    Et je m'en vais en sanglots loin de tes eaux bleues,
    De tes îles balayées par des vents frileux.
    Des jours anciens je me souviens de toi, Grèce
    Adieu à jamais, pays de ma jeunesse.


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    Lisa, Lisa. Elle s'appelait Lisa. Blonde, de la tête aux pieds. Avec des duvets inavoués au creux des genoux et des manières de rire qui n'étaient que blondeur. Lisa-Lisa.

    La sirène du bateau agitait le départ. Les passagers se pressaient contre la balustrade blanche, luisante des mains engourdies, potelées, grandes, rouges. Et Lisa, Lisa, Lisa dans ma tête. J'avais rejoint la foule que je dépassais d'une tête. Lisa-Lisa. J'avais peint Lisa, toutes ces nuits à Berlin. Lisa en manteau noir, Lisa dansant sous les feux blancs, Lisa dans le bain, Lisa après l'amour. Lisa, là, proche, à demi pliée sur moi, Lisa loin, loin, si loin.
     
    L'air était frais, le vent déjà brisait l'écume et le bateau s'éloignait, lentement, pesamment et si docilement, sans frôlement, sans trace de violence, là sur les flots bleu noir. Avec l'écume tout autour, l'écume aux bords des lèvres de Lisa, que j'avais tant peintes, tant murmurées. Mon dernier crayon je l'avais jeté à Paris, au fond de la Seine verte. Jamais plus, je le jurai, je ne regarderais la vie pour la peindre.

    Le bateau pour l'Amérique engloutissait Lisa. Un océan atlantique me séparait de Lisa. Lisa que je pianotais sur la balustrade blanche. Lisa qui m'abandonnait pour chanter et danser dans les nuits de Berlin.

     

     Interprète : Nicole Amann - Compositeur : Hervé Jeanson -
    Texte  Corinne Valleggia
    - avec le concours du site Bonnes nouvelles
    http://www.bonnesnouvelles.net/
    © 2007
     

     


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  • Exode

     

     

     

     

     

     

     

     As-tu bien refermé la porte
    Ne laisse pas la petite prendre froid
    Il y a tant de monde sur les routes
    Nous devons partir nous aussi
    Pour quel pays, pour quelle contrée ?
    J'ai peur, donne la main à la petite.
    L'exode dans mon cœur
    Est plus lourd que les routes
    A parcourir
    Plus lourd que les ponts
    A franchir
    Toutes ces collines, tous ces fleuves
    Qui nous séparent de nous
    A l'infini de nos vies.


    Annie Lopez : peinture "Exode"


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  •  Le jeune soldat est mort
    Derrière la porte minée
    La mort l'attendait.

    Dans les rues de la France endormie
    Les autres ont fusillé son voisin
    Pour suivre l'appel
    Il a quitté son échoppe de cordonnier
    Il a foulé les Alpes jusqu'au Vercors

    Allez viens mon frère
    Allez viens ton pays ne t'attend pas.

    Avec ses compagnons, ils ont traversé la mer
    Avec l'ardeur de leur jeunesse
    Pour rejoindre les bataillons insoumis
    Dresser leurs armes pleines de larmes
    Contre la croix de la haine.

    Allez viens mon frère
    Allez viens la liberté n'attend pas.

    Au petit matin suspendu de rosée
    Ils ont lancé sur la rive
    Le dernier assaut contre l'infamie
    Pur-sang aux yeux d'enfants
    Ils ont blessé leurs vies pour sauver les nôtres.

    Allez viens mon frère
    Allez viens notre liberté te salue.

     

     

     

     

     

     

     


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