• "Plus nous sommes silencieux, patients et recueillis dans nos tristesses, plus l'inconnu pénètre efficacement en nous. Il est notre bien... Seul un homme qui serait placé brusquement, et sans y avoir été aucunement préparé, de sa chambre au sommet d'une haute montagne, éprouverait quelque chose de pareil : une insécurité sans égale, un tel saisissement venu d'une force inconnue, qu'il en serait presque détruit. S'il imaginait qu'il va tomber... quel monstrueux mensonge son cerveau devrait-il inventer pour qu'il puisse recouvrer ses sens et les mettre en ordre !"

    la vie nous a projetés sur une haute montagne... et nous nous inventons des histoires pour surmonter ce vertige.


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  • La chair n'est pas triste hélas nous clament les livres
    Reste-là ! Je sens combien les hommes sont ivres
    A boire l'écume reconnue des mortelles
    Tous les anciens d'Olympe en trouble écho rappellent
    Les ravissements d'Europe à Lol sans répit

    O nuits ! Les joues sous la lune opale ont rougi
    Si le père qui est aux cieux m'en défend
    J'effeuille en lui les pages aux pétales blancs
    Partir ? J'imite plutôt le branle du mât
    Lève l'ancre pour un exotique climat

    L'ennui, transporté par le sournois désespoir,
    S'échappe en bulles légères à l'ombre noire
    Et peut-être suave des amours volages
    Serais-je de ceux qu'un vent ôte le courage
    Perdu, je me lie tel Ulysse aux mâts fertiles...
    Mais, ô mon corps, entends le chant des coeurs futiles.

     

    LE VRAI

    La chair est triste, hélas ! et j’ai lu tous les livres.
    Fuir ! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
    D’être parmi l’écume inconnue et les cieux !
    Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
    Ne retiendra ce cœur qui dans la mer se trempe

    Ô nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
    Sur le vide papier que la blancheur défend,
    Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
    Je partirai ! Steamer balançant ta mâture,
    Lève l’ancre pour une exotique nature !

     Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
    Croit encore à l’adieu suprême des mouchoirs !
    Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
    Sont-ils de ceux qu’un vent penche sur les naufrages
    Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots…
    Mais, ô mon cœur, entends le chant des matelots !

    Stéphane Mallarmé


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  • Si les lettres se déboublent
    Ce n'est pas le blanc qui se détache
    C'est le noir qui évacue ses nuisibles

    Le sang des comètes en océan
    Envahit les terres en falaise
    Le sable enfin trouve sa douceur

    Et tu t'étends dans les infinis solubles
    La mémoire des ors ne suffira pas
    A captiver mon rire fantasque

    Tes plages, tes falaises, tes terres
    A tes pieds je me noie je me noie bien
    Et mille et une pages ne suffiront pas

    A ouvrir les gouffres qui éclipsent
    Nos logos déboités, le radeau
    Coccinelle sur le dos de ton lointain

    Mon socle s'effrite dans les rosées
    Il faudrait quel héros pour me sortir
    De ton bel oubli.


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  • Reste de la fumée sur l'eau
    Du feu dans le ciel
    Des espaces incertains
    Pour des mondes stellaires


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  • J'ai pour vous
    Ce que personne ne peut atteindre

    Jusqu'à mon dernier souffle
    Ce quelque chose qui vous appartient
    Me retient à vous
    Ce quelque chose que j'ai déposé
    A vos pieds
    Que je ne sais nommer
    Ame ou identité
    Je vous l'ai offert
    Pour l'éternité

    À l'écho de vos pas
    Renaissent incessantes
    Les traces de cette attraction
    Ni amour ni désir
    Vivace effarement
    Qui monte de vos reins
    À vos paumes
    Creux dénudés d'oubli
    Courbes habitées
    De tous mes égarements

    À votre dernier regard
    Est éclos un souffle au cœur
    Ma vie depuis s'est dilatée
    De vous
    Jour après jour
    S'effacent mes contours
    Se drapent mes inspirations
    Trou noir stellaire
    Vous attirez mes mouvements
    De corps démembré et d'esprit consumé

    A l'ombre de vos lumières
    S'allonge ma tête noire
    J'ai fait de ma vie un souffle
    Au croisement de nos routes
    Ni crucifixion, ni abandon.
    J'ai pour vous
    Ce que personne ne peut atteindre,
    Pas même moi.


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