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De tout et de rien
Puisque nous ne sommes rien
mâchons les doux lotos
foulés par un vieux Pan
puisque nous ne sommes pas en liens
buvons jusqu'à l'oubli
les eaux gorgées d'actinies
puisque nous ne sommes pas nommés
délaissons les couronnes d'épines
et marchons sur les lits de braise
Ne jouez pas avec les dés du destin
les mancies tordent les avenirs
Ne réclamez pas de moi
que je choisisse l'un de vous
je veux bien l'un après l'autre
l'autre après l'un
les uns et les autres
me serrer dans vos bras anthropophages
jusqu'à mêler nos chairs
je veux bien à vos pieds,
langue tirée, sexe béant, mouillé, trempé,
me donner à vous
sans tuniques puantes, sous le bon oxygène
libres de tout
puisque les anciens modèles dérangent vos appétits
remplissez-moi, dévorez-moi, engloutissez-moi
je jouerai aux bords de vos corps en gouffres
à cloche-pied, à la marelle
dans vos bouches déjà
s'emmêlent ses mots murmurés
je veux bien sous la lune mateuse
brûlante à vos désirs désenchantés
fouler vos pics aux mortelles blessures
j'unirai les eaux de mes cratères
à vos doutes blanchâtres
à vos bacchanales sacrées
je serai votre offertequand donc la graine jaillira-t-elle du coeur
quand donc en regardant devant moi ta chute de reins
s'étanchera la soif retenue par le calice
quand donc les enfers traversés de mille parois
cracheront-ils enfin les corps ressuscités
les crapauds et les corbeaux de leurs voix mélangées
assourdissent les plaintes à jamais
puisque l'unique à sa croix est cloué
le victorieux paganisme me libère sans pudeur
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