• Marcello - Les femmes sont devenues folles.

    Robert - C'est elles qui font les mômes.

    Marcello - Elles les veulent pour elles.

    Robert - Disons qu'on n'a rien fait pour les en empêcher. Nos pères ramenaient l'argent à la maison, ils avaient la paix. Les enfants grandissaient dans les jupons de leurs mères, les hommes allaient au bordel pour le fun, et le monde roulait.

    Marcello - C'est la faute au lave-vaisselle...

    Robert - Quel lave-vaisselle ?

    Marcello - Eh bien, la vaisselle, la lessive, tout est facile, les femmes ont gagné du temps. Elles sont allées à l'usine.

    Robert - Elles sont allées à l'usine quand nos grands-pères sont morts dans les tranchées de 14.

    Marcello - Oui, mais quand il n'y avait pas le lave-vaisselle, elles travaillaient, elles s'occupaient des mômes, elles faisaient les vaisselles, les lessives, et tout allait bien. Aujourd'hui elles ont le temps de penser à elles.

    Robert - Et de nous voir tels que nous sommes.

    Marcello - On n'a rien vu venir. Enfin si, on a eu le chômage, les petits boulots. On n'était plus les maîtres. Et on a continué à rien foutre à la maison puisqu'elles avaient le lave-vaisselle et le lave-linge en prime.

    Robert - Non, là t'exagère, moi je range la vaisselle propre, j'étends le linge. Je fais même les courses au supermarché.

    Marcello - Tout irait bien s'il n'y avait pas les enfants. Parce qu'elles veulent plus nous les rendre quand elles nous quittent.

    Robert - Plus j'y songe, plus je pense que c'est Martin qui a eu raison.

    Marcello - Ouais, cette vieille folle nous a eu avec ses seins silliconnés. N'empêche, elle a eu la garde des enfants, je me demande si elle a fait une pipe au juge pour en arriver là.

    Robert - Le lave-vaisselle ! Marcello tu es un génie ! Rappelle-moi : le concept d'entropie, c'est bien la mesure du désordre et de l'incertitude qui augmentent toujours spontanément ?


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  • - Bonjour, je m'appelle Liliane.

    - Bonjour Lilliane. Je te rappelle les règles de notre contrat : tu as cent jours pour prendre des résolutions qui vont changer ton comportement dans la vie. Qu'as-tu décidé cette semaine ?

    - J'ai acheté une île en Grèce pour y installer un camp de Roms.

    - Oui, très bien Liliane, c'est un beau début.

    - Et toi, François ? Quelle a été ta nouvelle résolution ?

    - J'ai renoncé à passer ma retraite à Marrakech. J'ai décidé de louer une maison dans le Limousin. La vie n'y est pas chère, et je reste dans mon pays.

    - Bravo, je vois que nos conseils portent leurs fruits.

    - Et toi Martine ? Tu nous avais dit ne plus vouloir être considérée comme une cougar.

    - Je suis tombée amoureuse d'un petit garçon de trois ans... j'ai enfin découvert l'amour désintéressé. Désormais, je le garde après l'école, pour aider sa maman qui l'élève seule.

    - Angela ?

    - J'ai accepté que le papa de mon fils le voit un week end sur deux. J'ai arrêté de penser qu'il était un mauvais père.

    - Et toi Dom ?

    - J'ai opté pour le bois. J’ai été rattrapé par trois inconnus qui m’ont...

    - Hum... je rappelle à tous que Dom était un mâle dominant, plutôt harceleur. C'est un peu radical ta résolution, mais bon. Et toi Nikos ?

    - Je veux d'abord remercier Angela, elle m'a redonné ma dignité de père.

    - C'est bien Nikos.

    - Attends, je n'ai pas fini. Cette semaine, j'ai vendu mon île en Grèce. Y a pas d'eau, difficile d'y vivre à l'année. J'ai aussi réussi à trouver un locataire pour mon neveu qui habite dans le Limousin. Sa bicoque ne trouvait pas preneur. Enfin, j'ai embauché ma voisine pour tenir mon hôtel du 18e, ça complique ses horaires de travail, mais je lui ai trouvé une retraitée pour garder son fils. Ah oui Dom, je voulais te dire, le troisième inconnu, c'était moi.
    - Oui, hum, Nikos, là, tu as fait du zèle.

    - Ben, cent jours, c'est court pour être accepté par le club des AAA.

    - Nikos, je ne suis pas certain que tu ais bien compris les règles de notre contrat.


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  • - Je lui ai dit tant de belles choses, que j'ai fini par y croire.
    - Quelles belles choses ?
    - Celles que les femmes veulent entendre.
    - Et que veulent entendre les femmes ?
    - Je ne sais pas, je te désire, je suis amoureux, je t'attendais depuis toujours.
    - Et alors ?
    - Elle ne m'a pas cru.
    - Tu nous crois si sottes pour croire à vos boniments.
    - J'étais sincère.
    - Tu en as tout l'air. Et là tu fais quoi avec moi ? Il est à peine minuit, tu m'as dit qu'elle t'avait quitté aujourd'hui et tu es déjà au bordel ?
    - J'avais besoin d'être consolé. Et pour ça tu es la femme parfaite.
    - Oui, j'ai des seins généreux. Donc elle t'a quitté parce qu'elle ne t'a pas cru ?
    - C'est un peu ça.
    - Et que comptes-tu faire pour la convaincre de revenir ? A part, bien sûr, trouver du réconfort auprès de moi.
    - Je ne suis pas sûr de le vouloir. Tu comprends, elle va me faire souffrir. Et je ne veux pas souffrir.
    - Hum, pas mal ce champagne. Reprends une coupe, cela te fera du bien, mais pas trop, tu deviendrais mou. Quoique, j'ai été bien assez montée aujourd'hui. Donc tu ne veux pas souffrir ?
    - Non.
    - Et tu dis l'aimer ?
    - Oui, oui, je crois. C'était si, c'était si. Plein. Entier.
    - Et tu ne veux pas souffrir ?
    - Non.
    - Tu as bien fait de venir au bordel, c'est rare de souffrir au bordel. Enfin, sauf ceux qui cherchent des souffrances pour jouir. Mais je n'appelle pas ça souffrir. Donc tu ne veux pas souffrir ?
    - Non. Pourquoi répètes-tu cette question ? Qu'essaies-tu de me dire ?
    - Ah, on progresse sur la voie. Vois-tu, mon cher ami, nous savons tous que tu es un homme à femmes. Chut, ne nie pas. Tout le monde le sait. Tu es prêt à sauter sur tout ce qui bouge, et je t'ai croisé plus d'une fois aux bras d'une belle dans la ville. D'ailleurs elles ne sont pas toutes belles, ce qui me laisse supposer que tu es attiré par la femme plus que par l'amour.
    - N'est-ce pas la même chose ?
    - Je vis dans ce bordel depuis plusieurs années, et j'ai croisé, ainsi, beaucoup d'hommes. La plupart mariés, d'ailleurs. Ceux-là on sait pour quoi ils nous fréquentent. Ils sont bedonnants, grisonnants, souvent enrayés mais toujours joyeux, ce qui fait leur charme.
    - Ne suis-je pas joyeux avec toi ?
    - Si bien sûr. C'est un peu le principe ici. Mais pas au-dehors. A moins d'être marié et père de famille, de tenir sa maisonnée, son épouse et ses enfants. Mais un amant, un vrai, se doit de montrer et sa joie et sa détresse.
    - Mais je n'ai cessé de lui dire que je ne voulais pas la perdre. Qu'elle était ma bien-aimée.
    - Très bien et qu'as-tu fait pour la convaincre ?
    - Je ne sais pas, je le lui ai dit.
    - L'as-tu embrassée, l'as-tu serrée dans tes bras ? Lui as-tu parlé à l'oreille ? L'as-tu regardé droit dans les yeux en lui rappelant qu'elle est si belle, que tout te plait en elle ?
    - Oui, je crois. Enfin, non. Elle était si silencieuse.
    - N'es-tu pas venu au Méridien la semaine dernière ? Il m'a semblé te croiser, mais j'étais avec mon vieux juge. Il aime quand je lui lis à haute voix des procès et que je le frappe avec ma badine. Il se tient à genoux devant moi et ça le fait bander. Un peu.
    - Oui, je suis venu. Mais c'était avec elle.
    - Tu lui as demandé de passer au Méridien ?
    - Elle n'était pas contre.
    - Hum, tu étais prêt à la donner à un de ces messieurs ?
    - Oui, je sais c'était ridicule. Déplacé. Elle voulait me faire plaisir, mais elle a vite renoncé.
    - Bien, donc tu ne veux pas souffrir ?
    - Encore ? Que veux-tu me faire comprendre ?
    - L'amour a ses codes, mon cher ami. L'amour fait souffrir. C'est sa grande loi. Si tu ne veux pas souffrir, laisse-la partir et ne cherche pas à la revoir. Si tu l'aimes elle te fera souffrir et si tu ne l'aimes pas, c'est elle que tu feras souffrir. Si tu ne veux pas souffrir, cesse de vouloir aimer. C'est la loi de l'amour : souffrir. La loi du plaisir : jouir. Choisis ta loi, les douze coups de minuit vont bientôt tinter.
    - C'est tout ce que tu me conseilles ?
    - Quoi d'autre, voyons... Marie-toi, tu cesseras de souffrir et tu reviendras au bordel.
    - Mais pourquoi l'amour devrait-il faire souffrir ?
    - Ce n'est pas une nécessité, j'en conviens. Mais la souffrance garantit l'intensité. Plus tu souffres, plus tu aimes. Si tu ne souffres pas, tu ne sais pas aimer. Tu évites l'amour. Ce n'est pas moi qui le dis, c'est Gustave : la manière la plus profonde de sentir quelque chose est d'en souffrir. Au fond, mon vieux juge a raison, il aime la loi et il en sent l'intensité quand je ballade ma badine sur ses fessiers nus.
    - Tu m'agaces ! Je ne crois pas à ton raisonnement. Tu confonds l'amour et la passion. C'est la passion qui fait souffrir, pas l'amour.
    - Bien sûr, mais tu as toi-même dit : je te désire, je suis amoureux, je t'attendais depuis toujours. C'est toi qui as parlé le premier de passion. Vois-tu, très cher, si la passion nous tombe dessus comme la foudre, l'amour a besoin de temps. Si tu veux savoir si tu aimes cette femme, tu dois lui laisser le temps de t'aimer, tu dois l'apprivoiser et cesser de lui servir de belles phrases. Vraiment ce champagne est très bon. Finissons-le.


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  • Pourquoi vous me regardez
    avec vos yeux indiscrets
    ici je suis bien tout le monde me connaît
    j'ai mes habitués
    le grand noir là-bas c'est mon client le plus doux
    le petit cycliste à moustache qui vient de filer est un bon grimpeur
    voilà le petit ange
    il tourne autour de moi
    mais il n'est jamais monté
    il a une belle gueule vous trouvez pas ?
    J'ai un peu de temps pour vous causer,
    mon industriel du vendredi vient de partir
    il a de bonnes manières, il me traite bien
    c'est pas comme celui du jeudi
    jamais une parole, juste un signe de tête
    il a trop honte d'être là

    pourquoi je fais ce métier ?

    la première fois je voulais juste payer mon loyer
    je gagnais ma vie au supermarché
    celui derrière les boulevards
    temps partiel, papa parti sur les routes
    j'avais pas de quoi payer ses robes à ma poulette, on allait à Emmaüs
    pour les derniers jours du mois, j'allais au Resto du Cœur

    Finalement j'ai acheté la caravane
    et j'ai un vrai appartement pour ma fille et moi
    dans une petite ville à côté d'ici
    vous savez, monsieur, j'enfile c'est vrai
    mais je me plains pas,
    les hommes d'ici sont les mêmes que dans la vie
    sauf que là y me paient pour la bagatelle
    et quand y partent, j'ai pas la crainte
    je sais qu'ils reviennent toujours
    et si c'est pas celui-là c'est un autre
    y z'emportent pas mon coeur
    et je leur donne le temps d'une chanson
    le petit coup qui fait du bien à leur vie
    eh, approchez, je le dis pas trop fort c'est un peu inconvenant
    parfois même j'ai du plaisir.

     

     


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  • - Mon Renard, tu m'as manqué. C'était comment New York ?

    - Noir et blanc.

    - Et ici ?

    - Rien. Nothing. Degré zéro sur Paul Agostini. Qu'as-tu trouvé là bas pour notre enquête ?

    - Il est bien arrivé par bateau. J'ai remué toutes les archives du port pour flairer sa trace. Une semaine de boulot avec les flics new-yorkais. L'adjudant Garett a été mon guide. Intéressant leurs méthodes. Whisky sur la 42e rue, bière à Broadway, vin rouge à Manhattan. Le best, cognac d'Angoulême à Big Apple. Que du bon. De la glace aussi et du salpêtre.

    - Et le ground zero ?

    - La place des tours perdues, pas eu le temps d'aller visiter un trou.

    - Vraiment ?

    - Putain, on a dit, on parle pas de vie privée au bureau.

    - On est entre nous.

    - Bon, d'accord, j'ai fait quelques virées. Les Américaines, enfin, surtout celles qui viennent du Mexique, sont abordables. Bon, je te parle de ma queue ou de mon enquête ?

    - Commençons par ton enquête. Ca dit quoi sa trace ?

    - Facile, le 1er mars 1999, arrivée au port de New York, paquebot Independance. Tu sais que Paul déteste l'avion. Donc inutile de relire les archives de JFK. Là où ça se complique, c'est la suite de son séjour.

    - Salut les blaireaux, alors Guy t'as retrouvé ton renard ?

    - Hello, la Rose, bon week end ?

    - Rosa, je t'ai déjà dit de m'appeler Rosa.

    - Rose, Rosa, quelle différence ? Pour une lettre !

    - Rosa, mes parents étaient communistes, n'oublie pas cette différence, pas comme tes bof à deux balles du quartier Est.

    - Pas d'insultes pendant le service, ma Rose, heu Rosa.

    - Tiens, c'est pour vous.

    - C'est quoi ?

    - Des madeleines.

    - Rosa, tu es géniale, tu as passé ton week-end à faire des madeleines.

    - Regarde-moi bien Guy, est-ce que j'ai une tête à préparer des madeleines. Non, c'est ma mère, Yolande, qui les a préparées. Moi je suis sympa, je pense aux collègues, je vous ai amené des madeleines.

    - Ca m'rappelle une chanson.

    - Non, dans la chanson c'est des bonbons.

    - Non pas celle-là : Madeleine elle aimera ça.

    - Moi ça me rappelle les odeurs. L'odeur des madeleines de mon enfance. Mon souvenir d'enfance c'est la bouse de vache, celle des pâturages de l'Hirmentaz, avec les grosses vaches et leurs cloches au cou.

    - Ca y est le voilà à faire son couplet sur la Savoie.

    - La Haute-Savoie, la Haute, ne défigure pas tout s'te plait.

    - Moi, ça me rappelle Magdalena, Marie-Madeleine, la pécheresse aimée de Jésus. Renard, ça a donné quoi les States ?

    - J'ai bien démarré, il est arrivé au port de New York, comme on l'avait deviné. Après, visite-éclair chez le mac de Riverdale, à Brooklyn.

    - Tout finit à Brooklyn.

    - Tout commence. Là, on sait qu'il a séjourné trois mois, après partance.

    - Où ça ?

    - Nouveau paquebot destination Brésil.

    - Qui va au Brésil ? Moi je suis partante ! C'est bientôt Carnaval.

    - J'ai mailé à ceux d'Interpol, j'attends une réponse pour connaître escale et jour d'arrivée. Après on avisera.

    - Il va se mettre au vert au Brésil, c'est quoi son ticket cette fois-ci ?

    - Salut Rosa, bien ton week-end ?

    - Salut Carlotta.

    - Vous n'en avez pas marre de tous vos noms en A.

    - Quoi ? Carlotta, c'est plus court que Marie-Charlotte. J'ai passé un week-end à garder mes neveux, 5 et 7 ans. La petite a passé en boucle la belle au bois dormant, version Disney.

    - Bon, les filles c'est pas que vous gênez mais nous on bosse, donc allez pintader ailleurs.

    - Sale macho, moi aussi je bosse, sur l'enquête de la tarentaise, c'est pas du gâteau. Salut, Rosa.

    - Ouais, je me souviens bien de ce Disney. Drôle. L'histoire de la fée carabosse qui envoie ses sbires chercher la princesse. Quels cons, pendant quinze ans ils cherchent un bébé, ils ont oublié que la princesse a grandi, qu'elle est devenue une belle jeune fille à marier... Putain, les mecs, j'ai trouvé.

    - Quoi, t'as trouvé quoi ?

    - Je résume. Ca fait trois ans qu'on cherche partout notre Paul Agostini. C'est pas Paul qui faut chercher. Ajoutez un A et vous aurez la clé de votre énigme.

    - Quoi, Rosa, tu vas nous faire croire que tu es sur une piste ?

    - Evidemment, votre enquête, je vous l'ai résolue avec un simple « A » de trop.

    - Tu peux être plus claire.

    - Que va faire au Brésil un trafiquant dans le genre de Paul Agostini qui a Interpol à ses trousses ? Se refaire une identité. Et Paul Agostini, c'est connu, a des tendances, disons homo. Déjà repéré déambulant avec de la coke plein les poches de sa robe à froufrou les nuits de pleine lune dans l'île verte. Quoi de plus tentant que prendre une identité féminine pour rentrer au pays incognito ? Tout est dans la finale : rose, rosa, Marie-Charlotte, Carlotta, Madeleine, Magdalena. Je rajoute un «A » à mon passeport et illusion d'artistes, je suis en France. Cherchez une femme, vous trouverez l'homme.

    - Redis-moi, coéquipière, c'est qui tes mentors ?

    - Ca va mes blaireaux, ça fait deux ans que je fais équipe avec vous. Je vous dois tout, même mon cul de poulet.

    - Renard, tu m'appelles le Fredo, je le veux dans le poulailler demain à la première heure. Notre indic est aux premières loges pour avoir entendu parler de Paula Gostini. Fixe-lui rendez-vous sans tarder.  

    (à suivre, si j'ai le temps, l'envie, ...)


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