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Par Corinne Valleggia le 12 Novembre 2008 à 18:52
Je marche sous le haut soleil sur la terre craquelée. Jusqu'à la montagne bleue, je marche. Je ne sais pas pourquoi je marche.
Après qu'ils aient tiré sur mes enfants, sous mon regard, ils m'ont indiqué la ligne invisible jusqu'à la montagne bleue et leur geste disait que je devais marcher jusqu'à la montagne bleue, ceinturée par le serpent épais des corps humains morts.
Je marche jusqu'à la montagne bleue. Je ne sais pas pourquoi je marche. A un certain point de la ligne, mon pied a dessiné un pas à l'écart. Un deuxième pas a confirmé cet écart.
Je ne sais pas pourquoi je gis contre la terre craquelée, une balle a frappé ma nuque.votre commentaire
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Par Corinne Valleggia le 14 Août 2008 à 13:03
Entends, ma fille, la complainte
s'élever de la plaine
jusqu'aux nuages accrochés
à la ligne grise des monts
ils ont sonné les trompettes
ils ont résonné les tambours
dans les clairières
poussent des pieds rouges
Entends, ma fille, la complainte
s'élever des hameaux
jusqu'aux cheminées tordues
sur les toits livides
la liberté est la mort
elle accroche aux falaises
tous ses fils en jupettes
partis pour la guerre
Entends, ma fille, la complainte
s'élever de la plaine
les peupliers s'agitent
au vent de la mort1 commentaire
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Par Corinne Valleggia le 15 Juin 2007 à 21:15Balancement de tout ton corps
Les pieds flottant au dessus du sol noir
Pourquoi dans la courbure des reins
Je devine tes souffrances
Sébastien aux flèches invisibles
Sur la piste tu balances tes bras
De droite et de gauche
En évocation d'un martyr de feu
Paupières fauves fermées
Sur tes secrètes douleurs
Je poserai cette nuit
Mes doigts sur leurs courbes.
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Par Corinne Valleggia le 3 Avril 2007 à 19:08
Version 1
J'aurais voulu être Patrocle.
Je ne suis que Penthésilée
D'aussi loin tu étreins
Mon cœur qui s'affole
J'ai un souffle au cœur
A force de ton étreinte au loin
Viens jusqu'à ma couche
Etreindre mon corps
Redonner du sang à mon âmeVersion 2
O mon dieu, laissez-le moi encore un peu, mon amoureux
Ce n'est pas la mort qui l'emporte
C'est son ennui qui m'oublie
Je reste là étendue sous les remparts de sa vie
Dans la poussière de ses jours
J'aurais voulu être Patrocle
Je ne suis qu'Hector
O mon dieu laissez-le moi encore un peu mon amoureux
Je m'accroche à son talon léger
Et je me traîne derrière lui sous les remparts à Troie.votre commentaire
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Par Corinne Valleggia le 27 Mars 2007 à 00:10
Courbure de ton sourire jusqu'au bout du jour.
Quand les soldats en arme sont entrés, tu as serré la main de la petite. Tu ne portais en toi aucune violence sinon la souffrance lovée dans ton sang. Elle vaut bien toutes les blessures de guerre : la mort de la mère. Encore enfant, tu l'as sentie partir et ton amour jamais n'a pu retenir sa main blanche. Les soldats t'ont attrapé. Ils t'ont enfermé dans une caserne plombée.
Etendu sur le lit de ta cellule, tu attendais le rien. Ta torpeur n'accablait pas le ciel muet et la vie continuait sa ronde insignifiante. Sans révolte, sans pleurs, tu attendais que les soldats referment l'indifférence au-dessus de ton front.
Tu n'étais pas volontaire pour rejoindre leurs rangs. Ton sourire courbe jusqu'au bout du jour cachait tes larmes. Au bas d'un registre ils ont inscrit ton nom et dans leurs statistiques ils ont noté ta mort volontaire.votre commentaire
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