• La loi entre en application

    - Vous êtes tous là ?
    - Gilbert est à la machine à café, le voilà.
    - Bon, la loi entre en vigueur aujourd'hui. Donc, je demande aux équipes de l'après-midi d'être en veille active. Je ne veux pas de débandade dans les rangs. On n'est pas là pour juger la loi, on l'applique.
    - Ok chef, on fait comment concrètement ?
    - Vous surveillez les terrasses entre 14 heures et 17 heures, à partir du 21 juin, jusqu'à 19 heures.
    - Et ?
    - La moindre tasse qui fume, vous vérifiez et si besoin vous verbalisez.
    - Comment on sait que c'est une substance illicite ? On demande au patron ou au client ce qu'il boit ? On goûte ?
    - Regardez le ticket. C'est un premier indice. Thé, chocolat, tisane, vous oubliez.
    - Ils vont tous tricher !
    - Ce n'est pas notre problème. En cas de doute, vous verbalisez. Amende à cent cinquante euros à la clé, ça les fera réfléchir. On verra plus tard pour les récidivistes s'il faut les serrer.
    - Serré, je le préfère serré.

    - Moi, dans mon quartier ça va poser problème. Y a tous les petits vieux dans les jardins publics, y s'assoient  sur les bancs avec leur thermos les après-midi de soleil. Ca fait longtemps qu'y vont plus en terrasse, trop chers pour les retraités, enfin ceux de mon quartier.
    - Ils auraient mieux fait d'en interdire la vente directement.
    - Le lobby des grandes surfaces a levé son bouclier. On peut pas savoir comment les clients consomment. Rien n'interdit, chez soi, d'en consommer, c'est juste sur l'espace public qu'il y a danger et encore en principe quand il fait soleil.
    - Et s'il vente, les tickets s'envolent. Ca va compliquer.
    - Thomas, je répète on n'est pas là pour juger la loi, on l'applique. C'est tout.
    - Et à Gerland, je fais comment ?
    - Dans les camionnettes blanches, ce qui s'y passent c'est pas notre problème, c'est celui de la brigade de répression du proxénétisme.
    - Chef, et au commissariat, on fait comment maintenant ? Parce que la machine à café, c'est aussi l'heure de la clope. Moi je sors avec ma cigarette et mon café.
    - C'est pareil. Pas de café à l'extérieur les après-midi et pour nous TOUS les après-midi de l'année. Je vous imagine déjà chipoter que c'est 17 heures zéro cinq et qu'on est le 20 juin.
    - Au fond, c'est quoi le risque ?
    - L'amende. Cent cinquante euros.
    - Non, mais je veux dire pour la santé ?
    - Les scientifiques ont sorti une enquête : le café bu au soleil donne le cancer. Enfin le soleil de l'après-midi, les études montrent que le soleil du matin n'est pas contre-indiqué, question d'orientation des rayons. Les politiques savaient pas quoi foutre qu'inventer une loi, le ministre de la santé a été le plus virulent. Il s'en fout, lui il ne boit que du café décaféiné depuis sa crise cardiaque.
    - Et en DOM-TOM y font comment ?
    - Ca vaut pour la métropole, les DOM-TOM c'est pas notre rayon d'action. Tout le monde a compris les instructions ? Je répète pas, ça me lasse.
    - On fête ça à la machine à café ? Il est onze heures, on peut même le boire dans le carré extérieur. Je vous offre le café, pour la naissance de mon troisième. Et chef, n'oubliez pas, vous êtes le parrain !


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