-
Le goût de l'espérance
Faussaire
Lucide âme, hier amoureuse des mâles,
L'enchantement, qui attisait tes mille ardeurs,
S'accroche à des toiles d'araignées sans pudeur
Ma belle, tu butes à leurs envies bestiales
Résigne-toi, mon cœur, dors d'un sommeil légerTon esprit invaincu demeure en un royaume
Où l'amour toujours combat les monstres
Aux goûts envahis par les acerbes désastres
Plaisirs, ne tentez plus un cœur têtu de mômeL'Hiver dépose son doux pelage enneigé
Et le Temps bruissant dans ma chair suspend son vol
Du profond océan il advient pour unir
De l'Aurore au crépuscule j'entends venir
Mon bien-aimé vigoureux aux belles parolesFloraison, veux-tu égréner ta protégée ?
Le goût du Néant, le vrai
Morne esprit, autrefois amoureux de la lutte,
L'Espoir, dont l'éperon attisait ton ardeur,
Ne veut plus t'enfourcher! Couche-toi sans pudeur,
Vieux cheval dont le pied à chaque obstacle bute.
Résigne-toi, mon coeur; dors ton sommeil de brute.
Esprit vaincu, fourbu! Pour toi, vieux maraudeur,
L'amour n'a plus de gout, non plus que la dispute;
Adieu donc, chants du cuivre et soupirs de la flute!
Plaisirs, ne tentez plus un coeur sombre et boudeur!
Le Printemps adorable a perdu son odeur!
Et le Temps m'engloutit minute par minute,
Comme la neige immense un corps pris de roideur;
Je contemple d'en haut le globe en sa rondeur,
Et je n'y cherche plus l'abri d'une cahute.
Avalanche, veux-tu m'emporter dans ta chute?
-
Commentaires