-
-
Par Corinne Valleggia le 21 Mars 2010 à 15:56
Tu ne m'as jamais quittée
dans ce blanc vide ignoré
ton apparence se niche
fantomale empreinte proche
en des lointains trop enfouis
pour nourrir au jour ma vie
quoi t'aurais-je reconnue
toi que je n'ai pas connue
J'ai croisé des amours vives
qui me portaient sur leurs rives
d'autres qui m'ont abîmée
dans leurs gouffres enflammés
dans mes jours et dans mes nuits
j'ai perdu mon seul appui
quoi t'aurais-je reconnue
toi que je n'ai pas connue
tu me traversais sans cesse
silencieuse tendresse
inconnaissance des mots
absorbés dans un halo
je sais jusqu'à mon trépas
tu ne me quitteras pasenfin je t'ai reconnue
toi que je n'ai pas connue
votre commentaire -
Par Corinne Valleggia le 28 Mars 2007 à 21:48
J'avais toujours vu le visage de ma mère se refléter dans les miroirs qu'elle collectionnait et qui ornaient sa chambre. Sur son bureau en noyer, elle avait disposé trois miroirs ovales : un miroir de style art moderne sur pied en fer forgé que j'aimais faire basculer, un miroir à main en vermeil et un miroir très ancien qui avait appartenu à une reine, c'est ce qu'elle me disait.
Le visage de ma mère était lumineux comme son sourire et sa voix douce comme celle d'un ange. C'est ainsi qu'elle m'apparaissait et chaque soir elle me rejoignait dans ma chambre pour me raconter une de ses petites histoires merveilleuses que j'écoutais en silence. Toutes ses histoires commençaient par : « Ma petite fille d'amour chérie, c'est l'histoire de ». Il y avait des histoires de fées, de sorcières, de petits poucets, de loups. L'histoire que je préférais c'était celle d'Alice quand elle quittait le monde vrai pour le monde derrière le miroir ; il y avait aussi celle d'Orphée qui traversait les miroirs avec ses gants en peau d'antilope. Mais ce conte me faisait pleurer parce qu'Orphée perdait toujours Eurydice. Dans une autre histoire maman me parlait de Narcisse qui se penchait trop au-dessus du miroir de l'eau et qui se noyait. « Comme Ophélie », me disait-elle mais je ne savais pas qui était Ophélie. Elle m'expliquait qu'Ophélie se noyait parce qu'elle aimait trop le prince du Danemark. Le plus terrible c'était le miroir de l'affreuse sorcière dans Blanche Neige. Tout cela n'était que prétexte à rester le plus longtemps possible avec ma mère mais j'avais quatre ans et papa arrivait toujours à la fin de l'histoire ou presque pour nous rappeler que je devais dormir.
Et puis il y a eu cette journée terrible où papa, tout seul, me coucha dans mon lit parce que ma maman était partie très loin dans le ciel. Papa n'avait même pas essayé de me raconter une histoire, sa gorge était toute sèche et ses yeux pleuraient très forts. Les jours qui suivirent étaient sans goût. Je ne savais plus manger et ma mamie me forçait un peu à avaler des yaourts nature avec du sucre.
Le soir, j'allais tout doucement dans la chambre de ma maman, même si elle n'était plus là. Je me promenais et j'essayais de voir son visage dans tous ses miroirs. Mais les miroirs ne savaient plus réfléchir, ils avaient perdu la mémoire. Je regardais mon visage et je ne le reconnaissais pas, je touchais mes joues, mon front, mon nez avec mes doigts pour être sûre que j'étais bien là devant le miroir. Peut-être que moi aussi j'étais partie avec maman. Je faisais des grimaces, j'écarquillais les yeux. Mais le miroir n'arrivait toujours pas à réfléchir.
Un soir, fatiguée de l'attente, j'avais dû m'endormir parce que bientôt, je sentis la main de maman dans mes cheveux et sa voix douce à mon oreille. Elle me disait de regarder le petit miroir à main ovale qu'elle gardait dans le tiroir de son bureau. Je me levais doucement. J'ouvrais le tiroir et là, dans le miroir, je revis son visage souriant et à côté du sien il y avait aussi le mien qui ne pleurait plus. « Tu sais je ne resterai pas toujours dans ce miroir mon bébé, mais chaque fois que tu auras besoin de moi tu fermeras les yeux et tu me verras dans le miroir de ton cœur. » Je l'avais retrouvée ! Depuis ce jour j'ai gardé sous mon oreiller le petit miroir ovale. Quand parfois je suis très triste, je ferme les yeux et dans mon cœur il y a toujours le visage de ma maman qui me sourit.
votre commentaire -
Par Corinne Valleggia le 20 Mars 2006 à 22:57
Le jour que je t'avais perdue
je ne le savais pas.
Chaque passante dans les rues te ressemblait
et je touchais le bas de leur robe
pour reconnaître ton parfum.
Ce n'était jamais le tien.
Le ciel s'est éloigné
et ne t'a jamais rendue
à la petite fille que j'étais.
Je ne savais pas encore
ces choses que les adultes ont tant de mal
à apprendre.
votre commentaire
Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique