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Par Corinne Valleggia le 11 Août 2018 à 19:20
A la terrasse du bistrot ou comment choisir le sujet pour écrire
VOUS choisirez le vous séduisant pour boire ce premier café avec moi
NOUS choisirons le nous collectif pour préparer la révolution
TU choisiras le tu empathique pour te rapprocher de moi
IL ELLE choisira ils ou elles pour aller d'ailes en Îles
ON dira n'importe quoi en terrasse pour passer le temps avec la bonne personne du singulier ou du pluriel
JE choisis le jeu d'écrire
Pour bien écrire une histoire je ne sais quelle personne je suis
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Par Corinne Valleggia le 11 Août 2018 à 15:23
Pourquoi es-tu revenu après tous tes détours
Quel tour me joueras-tu cette fois-ciJe ne suis pas une note
Ne m’attrape pas
Tu ne peux pas me pincer avec tes cordes
N’essaie pas d’aller dans les aigus
Je m'échapperai de ton piano désaccordéVenise la mort tu m’égrènes
Tu as beaucoup pleuré me dis-tu
Qu’as-tu fais de nous
Tu me demandes pardon de t’avoir meurtri
Que sais-tu des meurtrissuresJe connais ta superbe
Puis tu vas boire
Tes mains vont tremblerA trop vouloir m’échapper de toi
Je me suis rendue à la mélancolie des jours
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Par Corinne Valleggia le 8 Juillet 2018 à 01:02
Je vous dois la vérité : à votre dévouement je voue respect et fidélité. Ma sincérité s'accorde à votre probité. En toute franchise, j'ai foi en votre honnêteté. En toute bonne foi, à votre droiture, j'accorde ma loyauté. Pour tout cela et bien plus encore, j'offre ma rondeur à votre carrure.
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Par Corinne Valleggia le 5 Juillet 2018 à 22:28
Avez-vous déjà connu ces journées fraîches de l'été plein au cœur desquelles vous savez qu'un autre vous attend ? Cet autre est dans les chemins, les ruelles, à la terrasse d'un café ou au creux d'un trottoir. Peu importe le lieu où il se tient, vous sentez que dans ses gestes il vous accompagne et ce souffle lointain va jusqu'à votre bouche.
Ces jours, de bonheur à l'évidence, je les ai connus, il y a plusieurs étés, au creux d'une île en Méditerranée. Sur une île, on ne se perd jamais tout à fait et même si les bateaux aux voiles lourdes peuvent vous éloigner de ses rives, jamais en ces instants courts et parfaits, je n'ai craint la disparition. Le temps, avec le vent, s'était niché là sous les oliviers fleurant les cigales et le jasmin. Dans ses jours, de bonheur à l'évidence, les deux êtres se taisaient, les dieux auraient pu entendre leurs murmures amoureux et, jaloux, poser une ombre d'oubli et de trahison. Il n'en fut rien, les dieux, ailleurs, distrayaient leurs âmes ennuyées. Qui a connu ces jours a connu le bonheur et il n'est point besoin d'attendre la mort pour s'écrier, comme Crésus « J'ai vécu heureux ».
Pourtant, le souvenir de ces jours-là est-il encore du bonheur ? L'émotion ressentie se baigne de mélancolie et les objets épargnés, une lettre, un bracelet, une photo, témoins de ce passé disparu exaspère le regard solitaire.
Du paradis perdu naît la conscience du désespoir. L'enfant suçant son pouce avec le regard éloigné de la mère, pleure sa misère prochaine, regrettant déjà les heures courtes de la vie où l'univers chaud l'apaisait. Certes, l'enfant grandit et s'adresse aux contours de la réalité. Ces contours tranchants. La main de l'homme tremble à chaque bord de table rencontrée : la table de travail, la table de bistrot jusqu'à la dernière, la table de chevet.
Ailleurs demeure ce pays jamais oublié. Ou bien l'esprit retors glisse l'oubli dans les plis de l'esprit, les nervures du corps. Tel déhanchement, telle tache sur le visage, tel défaut de prononciation sont l'écho de la petite voix jamais tout à fait éteinte qui chante le passé.
Ailleurs est ce pays lointain jamais encore visité. Ailleurs est ce pays où l'on va pour la première fois et qui n'est que le décor où se rejoue la première vie. Dans ce pays où les hommes ne parlent pas votre langue, vous vous éveillez, seul, assoupi par la chaleur et les fruits sucrés et les voix étrangères sourient comme les premiers mots entendus avant l'apprentissage des mots. L’exotisme vient de ce souvenir inépuisable. Ailleurs n'est pas ce pays lointain jamais encore visité. Ailleurs est le retour.
Aurais-je encore en tête des souvenirs lointains si ma vie sans interruption ne m'avait accrochée à cette île, liée aux battements incessants des vagues, à la pâle lueur de la lune et à l’effritement des nuages passagers ? Ne serais-je pas alors, assise sur un rocher noir à pleurer, les voiles parties sans moi, me laissant à jamais à la merci de cet amour, au fil des jours estompé et soudain pesamment installé ? J’offrirais alors aux quelques visages des étrangers nomades, le visage fermé et voilé, ailleurs, autistique.
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Par Corinne Valleggia le 17 Juin 2018 à 23:28
Ce matin le vent était violent. J'allais dans les rues pleines du soleil et du bruit des autres. J’allais avec des poignards en sommeil au-dessus de moi. Une branche abattue par le vent gisait sur les pavés. Si elle m'avait atteinte à la nuque avant sa chute finale, je serais là gisant à ses côtés. Le monde à mes oreilles serait silence et les ombres à mes yeux ne seraient plus. Les poignards d'argent n'oscilleraient plus, fatidiques, par dessus mes pas. La paix enfin serait installée. La solitude et le silence enfin auraient eu déraison du monde.
Quelquefois j'agite le bras au passage d'inconnus qui ne me reconnaissent pas. Ce signe d'humanité, incongru à cet instant, fait se détourner la tête des passants. La folie des autres gène.
Des îlots flous de réalité se dissolvent à l'assaut violent ou simplement incessant des vagues du conformisme qui sont confondus avec apaisement.
Les choix ne sont que des détournements et le terrorisme à soi -le suicide ou son idée- devient l'ultime issue quand l'émiettement de la vie ne permet plus de modeler la forme initiale.
Le temps se découpe selon la course du soleil et la scission à chaque retour de la nuit n'est autre que le déchirement de Prométhée.
La lucidité appelle la lucidité et l'exigence interdit le repos tant que l'homme n'a pas trouvé son paradis, fuyant les mirages diaboliques où il risque de s'égarer.
La nouvelle mystique est sans illusion qui admet que son ultime destinée n'est pas Dieu. L'effarement vient de là quand le sens n'est autre que la reconnaissance du non-sens.
Alors vient l'apothéose.
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