• J'ai refermé ton livre et le dernier mot écrit dessinait l'intervalle entre nous. Ce livre fini s'achève avec nos nuits uniques. Tu parlais d'Absence, de Vide, de Voyage. J'aurais pu écrire les mêmes mots, ailleurs. Mais auraient-ils eu le même sens ? C'est bien là le piège : sens. Quel mot étrange qui signifie tout à la fois sensation -ce qui vient du dedans- et direction -ce qui va là-bas, perdu.

    Ce soir, combien je regrette que mes sens aient brouillé à ce point la réalité, qu'ils m'aient plongée dans la ville, sous la lune rousse de l'été, pour t'amener à moi. Tous ces chaos dans nos têtes, entre nous, pour une erreur de sens. D'ailleurs, que signifient : Absence, Vide, Voyage ? Ce sont des tourments inventés qui nous attachent à la vie et à ses faux-semblants. La nuit quand je marche dans les rues, est-ce le désir ou la perte de sens qui m'envahit ? M'endormir en évitant les sensations, rester immobile au bord du lit et, n'attendre rien. Les mots nous encombrent comme un mal puissant. Erreur de sens.

    Qu'espérait-elle en mordant le fruit ? Je voudrais être un dieu courbé au-dessus de la Terre, surveillant les allées et venues des sentiments, les surveillant de très loin, de très haut à la façon d'un savant penché au-dessus de la cage en verre des rats blancs.

    Bête à expérience. Si seulement je pouvais me contenter d'une cabane isolée au bord d'une plage. Passer mes jours à respirer à plein sens.


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  • Ailes du désir
    Sous les frissons de l'hiver
    Cendres du désir


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    De Zad en zad

    - Dis pépé, pourquoi tu fais la gueule ?
    - A cause des péquenots. Tu comprends de mon temps quand j'étais ouvrier, on se moquait des péquenots.
    - C'est pas gentil ça ! Dis pépé c'est ça la lutte des classes ?
    - Justement, de mon temps, on était fier d'être ouvrier.
    - Ouais, et alors tu t'en rends compte maintenant que tu déconnais ?
    - Voilà, c'est pour ça que je fais la gueule. J'étais un con manipulé par la lutte ouvrière.
    - Dis pépé, ça te fait quoi que ton petit-fils reparte à la terre ?
    - Je pense à mon grand-père.
    - Ah ouais c'est pas bon ça.

     


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    - Dis pépé, le 80 c'est pas sur l'autoroute, c'est sur les départementales et les nationales.
    - Chui écolo. Je compense les taxes sur le diesel.
    - Ecolo ou économe ? Pi y a moratoire.
    - Pas sur la CSG, j'économise sur ma retraite.
    - Dis pépé, et pour le chauffage dans la voiture ? Pareil, tu économises ?
    - Ouais, je sais, mémé elle râle. D'ailleurs si tu pouvais éviter de recharger ton téléphone portable sur mon allume cigare, ce serait bien.
    - Dis pépé,  et la nuit tu mets les phares ?
    - Tais-toi, on arrive au rond point. Sors le gilet jaune.
    - Ah super tu le mets toi aussi !
    - Je fais mon Henri IV. Et toi fais pas ton Ravaillac.

     


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    - Dis pépé, qu'est-ce que tu fais ?
    - Putain ça se voit pas ? je pisse.
    - Oui mais tu pisses sur une tombe.
    - Pétain c'est la tombe. Demain je commémore les poilus allemands, dommage Hitler a pas de tombe à honorer.
    "Avant la Première Guerre mondiale, il mène une vie bohème, n'aime pas l'ordre et quitte l'Autriche pour aller en Bavière. Au front, il ne fait pas une grande carrière militaire puisqu'il s'arrête au grade de caporal. Même si son expérience combattante n'est pas la plus représentative puisqu'il passe l'essentiel de la guerre comme estafette [militaire chargé de faire passer les messages, ndlr], il n'en demeure pas moins qu'il en ressort transformé. L'obéissance à un chef, la volonté de se battre pour un idéal, la création d'une communauté de combat: autant de motivations qui révèlent chez le futur dictateur une pensée extrémiste et xénophobe encore en gestation alors que les armes se taisent en 1918."


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