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Elle se tenait debout devant ma bibliothèque et je la voyais poindre son révolver dans ma direction. J'étais incapable de savoir si, oui ou non, l'arme était chargée -il me sembla voir une larme couler à sa joue. Je me contentais de me tenir à l'abri derrière le dossier de mon fauteuil, à genou sur le plancher, dans un geste de suppliant. Entre ses phrases criées, indistinctes, le silence de mon bureau. Dehors, sur les quais, les voitures attendaient que le feu passât au vert. Il m'était impossible de me pencher à la fenêtre de mon cabinet pour crier aux conducteurs dans quel danger je me trouvais, ce vendredi vers 14 heures en plein cœur de la cité. J'attendis encore dans cette fâcheuse posture que la jeune femme se calmât. Au fond, je savais qu'en aucun cas je n'aurais pu jeter au monde un « sauvez-moi », j'étais trop dépité de me retrouver ainsi dans la pointe de mire d'une patiente qui me tenait à sa merci et qui me faisait goûter à l'effarement. J'évoquais un bref instant le regard de mes pairs penchés sur cette scène qui n'avait rien de biblique. Cette ligne de mire me remettait en cause, et pour tout dire me reléguait au ban de ma société.
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Avec ses amis, Mūsā al-Khuwārizmī avait bu une arobase de vin
Quand d'une tape de la paume posée en raquette
Il avait gagné au café une tulipe
Qu'il tenait depuis serrée dans son turban
Tandis qu'il chevauchait sur son aubère
Sa jupe houlait à ses jambes
Il récitait des algorithmes pour rejoindre le zénith
Le hasard guidant son chemin.votre commentaire
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Rien à voir, rien à dire,
Rien à penser, rien à aimer
Rien en souvenir
Flâner dans les jours
de pont en pont
au-dessus du miroir des fleuves
Et le ciel pour ami
Les messagers sans destination parcourent
l'excellence du soir gris.votre commentaire
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Félix Martin (qui déroule le tissu blanc) devant la boutique de tissu, Grande Rue à Valence, a priori, année 1931, grande braderie de Valence
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