• Trahisons poisons

     

    Trahisons

     

     

     

     

     

     

     

    • Eh bien monsieur, que me vaut votre visite à cette heure ?

    • Je viens à vous pour une affaire qui me rend blême.

    • Vous, blême ? Il me semblait que ce fut chose impossible.

    • Je viens d'apprendre que Mademoiselle a été votre amante.

    • Vous l'apprenez ! Ce fut il y a bien longtemps et ce fut bien bref, une passade. Il me semble que Mademoiselle est devenue votre dame depuis.

    • C'est bien de cela dont je veux vous parler. Voyez-vous, et sans doute vous sera-t-il difficile de me croire, mais vraiment j'ignorais que Mademoiselle vous avait appartenu, avant que je devienne moi-même son amant, puis son fiancé, puis son époux.

    • Vous ne le saviez point ?

    • Pour être tout à fait sincère avec vous, elle me l'a confiée bien plus tard alors que nous étions déjà liés par la force de mes sentiments, en prenant soin de me dire que cette aventure passagère était finie lors de notre rencontre.

    • De vos sentiments ?

    • De nos sentiments, devrais-je dire. Mais je puis vous jurer que je ne savais pas qu'elle vous appartenait lorsque je lui fis la cour.

    • Il est vrai que Mademoiselle et moi, nous étions discrets sur nos transports. Par pudeur ou tout simplement parce que nos échanges semblaient suffisamment éphémères à nos yeux pour qu'ils restassent, sans être secrets, au moins feutrés. Il est vrai que même à vous, malgré l'amitié passagère qui nous liait en ces temps lointains, je ne sentis pas la nécessité de vous confier l'épanchement fugace que j'éprouvais pour Mademoiselle. Il me semblait du reste que d'autres, qui nous surprirent ensemble, vous auraient soufflé nos ébats sensuels. Les bavardages, les commérages sont légion, ils véhiculent certes parfois de fausses nouvelles mais aussi des vérités difficiles à croire et à entendre. Je finis par me convaincre que vous ressembliez à un certain singe, aveugle, muet et sourd.

    • Les médisances ruinent des réputations. Vous avez ainsi pensé que je connaissais votre secret penchant et que je me suis moqué de notre amitié.

    • Il est vrai que j'ai traité en petit comité Mademoiselle de garce et vous-même de traître.

    • C'est bien cela dont il s'agit aujourd'hui. A vos yeux je suis un traître. Or, aujourd'hui, alors que j'apprends ce pire, qui donc, sinon Mademoiselle, oubliant de me dire qu'elle échangeait avec vous alors que je lui faisais la cour,  devient à mon cœur une garce ou pire une traîtresse.

    • Oh voyons, Monsieur, cela appartient au passé.

    • Certes, pour vous sans doute, mais enfin pour moi, j'ai aimé Mademoiselle, au point de l'épouser. Aujourd'hui, j'apprends que j'ai été, que je suis un traître à vos yeux....

    • Allons, allons, je vous ai pardonné depuis ces temps lointains.

    • Un traître et un homme trahi. Comment aujourd'hui puis-je croire en l'amour que me porte Mademoiselle. Ne suis-je pas le mari trompé par un amant qu'elle prit soin de me cacher.

    • Mais enfin, nos échanges ont cessé lorsque vous l'avez conquise.

    • Vraiment ? Vous pouvez me l'assurer ?

    • Certainement Monsieur, soyez rassuré, Mademoiselle vous aime.

    • Sachez Monsieur que je ne puis me pardonner à moi-même cette trahison que je commis contre vous bien malgré moi. Me croyez-vous lorsque je vous assure que je n'ai jamais songé que nous fussions des rivaux ?

    • Certes certes, je vous crois.

    • Ah mon dieu, comme cette vérité m'accable, moi un traître trahi par une traîtresse. Ô combien l'amour est imparfait.

    • Allons Monsieur, allons de ce pas rejoindre les Dames que voilà et assurons-nous que nous méritons encore leur grâce et leur indulgence. Et gardez à votre encontre cette indulgence qui vous manque en ce moment délicat.

     


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