• Pourquoi vous me regardez
    avec vos yeux indiscrets
    ici je suis bien tout le monde me connaît
    j'ai mes habitués
    le grand noir là-bas c'est mon client le plus doux
    le petit cycliste à moustache qui vient de filer est un bon grimpeur
    voilà le petit ange
    il tourne autour de moi
    mais il n'est jamais monté
    il a une belle gueule vous trouvez pas ?
    J'ai un peu de temps pour vous causer,
    mon industriel du vendredi vient de partir
    il a de bonnes manières, il me traite bien
    c'est pas comme celui du jeudi
    jamais une parole, juste un signe de tête
    il a trop honte d'être là

    pourquoi je fais ce métier ?

    la première fois je voulais juste payer mon loyer
    je gagnais ma vie au supermarché
    celui derrière les boulevards
    temps partiel, papa parti sur les routes
    j'avais pas de quoi payer ses robes à ma poulette, on allait à Emmaüs
    pour les derniers jours du mois, j'allais au Resto du Cœur

    Finalement j'ai acheté la caravane
    et j'ai un vrai appartement pour ma fille et moi
    dans une petite ville à côté d'ici
    vous savez, monsieur, j'enfile c'est vrai
    mais je me plains pas,
    les hommes d'ici sont les mêmes que dans la vie
    sauf que là y me paient pour la bagatelle
    et quand y partent, j'ai pas la crainte
    je sais qu'ils reviennent toujours
    et si c'est pas celui-là c'est un autre
    y z'emportent pas mon coeur
    et je leur donne le temps d'une chanson
    le petit coup qui fait du bien à leur vie
    eh, approchez, je le dis pas trop fort c'est un peu inconvenant
    parfois même j'ai du plaisir.

     

     


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  • Ils ont asséché sans cesse les mille étangs
    l'étau de Berre nie la force des amants
    ils ont assoiffé le tréfond des océans
    les paradis ne sont plus aussi pacifiques
    pointés d'artifices en attente de clics
    ils ont enterré des bombes sous les chemins
    hier l'acide a fusillé les lendemains
    les héros ont cédé sous le poids des demandes
    la belle endormie s'est enfuie au bout des landes
    l'écume perlée de sang blanc l'a engloutie
    son père emasculé, primitif travesti
    n'a pas oublié les jeunesses enculées
    il s'urgit dans la rue face au mur des salauds
    son cri tranche le temps jusqu'au divin sanglot


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