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    Impressionnez-moi

     

    Je vais peindre aujourd'hui, la lumière est superbe. Je cherche mes mots, mon cher, car c'est bien à partir de cet instant que le monde s'est impressionné. A cause de ce tableau aux reflets impressionnants. Le monde des formes. Parfois la couleur étalée sur la toile est plus importante que la peinture elle-même. La façon dont vous lancez votre pinceau. Avec un couteau, cette sensation est encore plus intense : vous modelez, vous projetez, vous étalez, vous écaillez, vous éclatez la pâte huileuse sur le grain poreux. De vos entrailles à la main, c'est le même souffle qui respire. Le ciel d'orage n'exprime pas davantage d'énergie qu'à ce moment-là où votre corps disparaît tout entier dans la toile qui vous absorbe. Vous vous aplatissez contre les griffes de sa trame. Et le vent qui précède l’éclair vous arrache des cris de douleur. Votre paume exhale les parfums de la terre à tant compresser les couleurs. Ce n'est pas seulement l'espace que vous comprimez sur votre palette mais le temps aussi. Il m'est arrivé de laisser fondre des pastilles blanches sous ma langue. Cette sensation effrayante de briser le temps, de devenir le temps. Ce point de lumière qui éclaire tout à coup un visage et que vous avez placé bien haut sur les pommettes. Donnez-moi la peinture. Que diable tout cela. Vous entendez, c'est l'orage qui revient. Sortons, je veux la pluie je veux cette énergie monstrueuse, que la terre éclate sur nos têtes, que nos pas craquent prodigieusement. Que nous soyons impressionnés avant le retour des étoiles.

     


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  • Van Gogh une femme assise
    La communion
    comme une poche de poison
    la femme assise
    éloigne les silhouettes
    des passants.
    Comme une étoile morte
    la femme assise
    s'effondre sous d'horribles tensions.

    Et le monde murmure et
    s'amuse tout autour
    oublieux de sa déchirure.

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  • Van Gogh ceci n'est pas un auto-portrait

    Les non-communiquants
    Van Gogh.
    Présence à Arles.
     
    Dans la lumière
    le vent, les ténèbres
    du secret de l'ami
    solitaire jusqu'à la douleur.

    La douleur tranchante de la lame
    la solitude comme le tranchant de la lame
    de douleur.

    Le murmure des vents
    le murmure des foules.
    Et celui, plus tenace
    terrible et torturant,
    le murmure des foules intérieures
    qui se pressent aux portes
    de la cervelle gonflée
    dégoulinante de rugosité
    dégorgeant des gouffres du langage
    englouti dans ses méandres.

    Et le cœur plein de mots
    avec la bouche qui bégaie ou se tait
    se tord dans un rictus
    bordée des langages interdits.

    Et le vomissement du couteau sur la toile
    qui étale toute la lumière.

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