• Cafard


    La vie est emplie de bars, noirs, bruyants, recouvrant le silence de l'âme devant le café noir, écorné de sucre, mangé par les cafards ricanants avec leurs pattes aiguës sur le dos souffrant. Un juke-box pleure des morceaux dérisoires pour éviter l'oubli de la mer montante au-dessus du marbre.


    Les  dieux, ambroisie et délices finis, affectent l'indifférence face à la foule des petits matins enroués. Le chanteur emplit les rues désertes à la recherche du pire qui se larve dans les égouts, dans les chaumières vétustes, dans l'humide traverse. De toute part, épris de sa voix salutaire, les agonisants surgissent, à la peau grise, les oubliés de l'heureuse félicité. Dociles, ils suivent en masse le chanteur jusqu'au tréfonds de la ville, par-dessus l'écho de la beauté suprême interdite, interdite à ce monde d'intouchables. Posant sur l'asphalte leurs pattes roses sous le poil gris, en silence pour ne pas effrayer le passant tranquille, ils quittent la ville. Traqués, ils suivent la voix affamée de leur perte.

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