• Le roi Océan et Nessoa la sorcière

    Océan - Je me souviens des jours anciens et je m'enivre de leur fuite insoutenable. Quelle couche choisirai-je cette nuit ? La tienne ?
    Nessoa - Je ne suis pas une de tes passantes. Je viens de ton passé, Océan. Arrête de boire, tu es ivre.
    Océan - La terre boit la pluie, la mer se désaltère au passage des brises, le soleil boit la mer. Pourquoi me défends-tu de boire ? Je me clarifie pour le bien de mes troupeaux, pour le bien de mes peuples ! Aurais-je bu du Soma ? La boisson me soulève comme un vent furieux. Aurais-je bu du Soma ? Je vais frapper sur la terre à grands coups, soit par ici, soit par là, pour la détruire ! Aurais-je bu du Soma ? Je suis grand, grand, me voilà dressé jusqu'à la nue. Je goûte au feu. Aurais-je bu du Soma ? Ou bien aurais-je bu avec déraison le lait brunâtre de l'haoma, ou bien avec esprit la bière de mil ? J'aime les mélanges. Et quand j'ai trop bu, la vessie pleine, je pisse le Soma palpitant, je pisse sur la terre, je pisse sur la race humaine. Ecoute ce qui me ronge, Nessoa. Toutes ces boissons me lassent comme les créatures femelles, femmes, nymphes, sorcières, me lassent aussi. Il me faudrait de nouveaux breuvages, du sang neuf ! Je choisirai le vin du Caucase pour fêter les fiançailles de ma fille. Nessoa, je me souviens. Notre amour n'était-il pas meilleur que les breuvages de l'oubli ? Cette nuit, ma sorcière superbe, reprends ton vieil amant pour jouer comme avant à nos jeux d'amour.  Nous pourrions y croire de nouveau. Laisse-toi conduire par Océan, belle Nessoa. Rejoins ma couche pour cette nuit et si tu le désires pour les nuits à venir.
    Nessoa - Je croyais que tu voulais goûter des saveurs nouvelles ? Que ferais-tu de ta vieille maîtresse ? Que cherches-tu encore Océan ?
    Océan - Moi rien, rien du tout. Et des royaumes s'élèvent et des royaumes s'effondrent, ainsi soit-il. Mon ivresse m'inonde de folie, Nessoa. Je me laisse griser par toi, captivante sorcière à la voix fêlée. Ta couleur de guerre sied à mon incertain combat à moi-même. Tes charmes extrêmes rassurent le rythme anxieux de ma démarche. Je me rends à toi. Fais-moi oublier toutes mes dissipations. Je voudrais enlacer encore une fois ta taille et basculer ton long corps pour qu'un baiser silencieux taise toutes les vaines paroles. Dis-moi que je suis encore ton tendre amant.
    Nessoa - Comment puis-je croire au sérieux de cet instant ? Je te vois déroulant tous les chemins d'hier. Pourrais-je me retrouver face à toi, nouvelle, m'appuyant sur l'équilibre prodigieux du passé accompli ?
    Océan  - J'ai trop bu, cela me donne de la puissance.

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