•  

    Elle est là dans l'errance de mes démarches, dans leur hésitation. Claudicante, j'avance avec la gorge ronde et chaude sous le regard masculin, sèche et brûlante quand je respire.

     

    Quand viendra le moment de la délivrance ?
    Quand le couvercle brûlant de soupirs s'ouvrira-t-il à la lumière douce des jours ?
    Mes ongles suintant de sang écrasent les veines asséchés du bois des peupliers et le lent pourrissement de la vermine emplit mes yeux perlés du soupir affamé et s’enroule à ma langue jusqu'à l'asphyxier.
    Elle est là.

     

     

     


    votre commentaire
  • Crète, berceau des dieux,
    Crète, joyau entre trois continents,
    Crète, bateau voguant parmi les eaux,
    Crète des grottes mystiques et des chèvres sauvages,
    Crète des montagnards,
    Crète des hommes de la liberté.


    votre commentaire
  •  

    C'est une une gamine de quel âge ? Elle ne connaît pas son âge. Les hommes le savent, cela lui suffit. L'amour ? Elle ne connaît pas. Elle ne sait pas. Elle n'a jamais connu. Les hommes la touchent. Partout. Elle ne sait même pas par quel orifice ils la pénètrent. Elle ne dit rien. A peine un soupir. Elle aime ça ? Ça l'indiffère. Parfois elle soupire. Ça la décharge d'un poids dont elle ne connaît pas l'origine.

    Un homme lui donne de la drogue et par ça elle l'aime. Elle l'aime ? Aimer, ne pas aimer. Être, ne pas être. Ce sont des interrogations qu'elle laisse aux autres, à ses amants de passage qui naviguent dans des vies pleines où l’existence a ou n'a pas un sens. Elle envoie à ses parents un peu d'argent de ses nuits et elle sourit à ses amants d'une nuit.

    « Pounam, je m'appelle Pounam. Oui je vais sourire pour la photo parce que le souvenir imprimé pour vous est heureux. Pour moi ? Je ne sais pas. Ai-je le privilège d'avoir un souvenir ? J'ouvre ma bouche, mes seins, mon sexe et je suis à vous, à votre bouche, à votre corps, à vos mains. Je me perds dans nombre de vous et suis la dote de ma famille. Je suis un masque dans le calme de la vie. Je suis tragique ou magnifique selon votre rêve. Je cherche une trêve. La mort dans la convulsion me surprendra. Je saignerai, ni par les poignets, ni par le cœur, mais par le seuil de mon impudeur, par ce sexe renié.

     


    votre commentaire
  •  

     

    Deux hommes en noir attendaient le passant, ils l'avaient reconnu de loin, avec son visage pâle et sa démarche malaisée. Lui ne semblait se douter de rien, pourtant parfois il se retournait, troublé, et ne cessait de presser ses mains gantées. Plus il approchait des deux guetteurs, plus il ralentissait le pas. Ce n'était pas leur présence qu'il redoutait mais d'avoir à gravir son seuil et retrouver sa chambre immobile. Bien longtemps, il avait retardé ce moment. Il avait parcouru les vieux quartiers de la ville, il avait longé les quartiers affairés, il avait traversé les parcs aux arbres magnifiques. Plusieurs fois, il s'était assis à un café, il avait acheté des cigarettes et au-dessus du fleuve il avait fumé, mêlant à la lente coulée des eaux le turban de sa fumée. Il n'avait pensé à rien, qu'aux objets l'entourant par lesquels il était relié par le regard, par le regard seulement. Les passants pris dans le manège de leur vie l’effrayaient dès qu'il les croisait et leur jetait rapidement des regards absents. Il était resté tout le jour sans parole et il devinait la plainte de la radio quand il serait dans la chambre nue. Piètre compromis.

     

    Au dernier instant, il devina les deux hommes tranquilles qu'il tenta d’éviter en vain. Ceux-ci le saisirent chacun par un bras, il voulut se dégager et crier mais sa crainte était si grande qu'il rapetissait sous leur poigne. Par un mouvement brusque ils l'obligèrent à les suivre et lui intimèrent l'ordre de réciter une prière. Il bredouilla « Au nom du Père » mais les mots se brisaient. Les hommes en noir le secouaient si fort pour qu'il avançât que tout son corps meurtri se morcelait. Au coin de la rue, sous un réverbère, ils le dévisagèrent et ne le reconnurent pas, ils le projetèrent au sol et en jurant s'en retournèrent à  leur poste d'observation.

     

    L'homme étendu resta là.

     

     

     


    votre commentaire
  •  

    Histoire anodine et mythique
    Du cœur de l'été
    Au cœur de la Mer
    dite Erranée.

    Le bateau bleu attaché à deux ancres profondes
    Tanguait sous la lune orange
    Dans le ventre en bois
    Le marin saisit la sirène
    Et dans son ventre à elle
    Tangua de tout son poids
    Ses larges mains mêlées à ses écailles
    Creusaient et pétrissaient le losange frisé
    Le sang perla quand il choisit
    Le chemin le plus étroit
    La lune rougit
    Les ancres grincèrent
    Leurs râles au même rythme
    Déchirèrent la nuit
    Le marin remercia les divinités marines
    Pêche miraculeuse au creux des eaux sombres

     


    votre commentaire