• Je serais ce violoniste
    qui joue à la fenêtre
    Derrière les volets bleus
    Ma musique monterait jusqu’aux nuages
    Et la tristesse glisserait
    Sur mon costume jusqu’à terre
    Où elle dessinerait une tache de deuil.

    Trois fois murmuré
    Trois fois dessiné
    Trois fois perdu
    Il est là dans mes rêves verts
    Il est là dans les rues violettes
    Il est là dans la vie noire.

    La beauté sortirait à peine de l’eau
    Je viendrais la sécher
    Avec des éponges bleues.
    Je jetterais à ses pieds des bouquets
    Trop vite coupés.
    Et je pleurerais de son parfum évanoui.
    Elle ne bougerait pas,
    Ni statue, ni femme,
    La beauté lointaine sortie de l’eau.

    Trois fois murmuré
    Trois fois dessiné
    Trois fois perdu
    Il est là dans mes rêves verts
    Il est là dans les rues violettes
    Il est là dans la vie noire.

    La souffrance tombait sur ses épaules arrondies
    Sa robe de lin décelait les sanglots accumulés
    Elle se taisait et retenait ses mains entre ses cuisses fermées.
    Greta sortie de l’enfance bourgeoise
    S’enferme dans le deuil du désir.

    Trois fois murmuré
    Trois fois dessiné
    Trois fois perdu
    Il est là dans mes rêves verts
    Il est là dans les rues violettes
    Il est là dans la vie noire.

     



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  • A l'infini, avec l'unique conscience de leur lutte,
    l'homme et la femme s'affrontent sans aveux
    dans le silence absolu du renoncement à l'éternel retour.
    Plus loin que la pâleur du baiser, plus loin que la mollesse des caresses,
    plus loin que l'étreinte douceâtre, l'homme et la femme,
    barbares et civilisés, doubles et étrangers,
    à l'encontre du labyrinthe fatal de la vie,
    dans la liberté dionysiaque, au-delà de l'extase et de l'effroi,
    ressuscitent la divine nature

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  • Depuis les années soixante, l'utilisation du stylo à bille est sans doute l'instrument de l'écriture manuelle le plus répandu de la planète. Aux quatre coins du monde, qui en effet n'a pas tenu au moins une fois entre ses mains un stylo-bille pour écrire à l'encre dite ‘‘sèche'' un texte long, un message court, ou encore esquisser un croquis, des plans ? Cette petite bille qui a le pouvoir de rouler en bout du stylo, Félix Martin, lui, l'a élevée au rang de pinceau, mieux encore, il en a fait un instrument à pixelliser l'image bien avant l'heure...

    Pendant une vingtaine d'années, depuis la fin des années 50, Félix Martin, natif de Valence, produit grâce au stylo-bille, une œuvre foisonnante au travers de plus de 200 planches originales en quatre couleurs : noir, vert, rouge, bleu. Stylo en main, il s'applique à des symétries et formes parfaites de méticulosité, s'adonne à des graphismes faits de courbes et de droites soignées, d'une très grande régularité bien avant l'apparition du tout premier micro-ordinateur et l'aide qu'aurait pu lui apporter ce dernier...

    Pétri d'une incroyable patience, plongé dans un travail titanesque, Félix Martin, consacra de longues heures, de longs mois et en fin de compte, de longues années, à son obsession : celle de faire “glisser et glisser” cette bille sur des feuilles cartonnées qu'il recycla en support pictural qui se voulait idéal à ses yeux... Mais... d'où lui venait cette passion du trait ordonné, cette rigueur visuelle toute géométrique et symétrique, cet amour pour la précision et la minutie du point de couleur posé là, exactement ?

    Sans doute de son métier, qu'il exerça de l'âge de 14 à 70 ans et qui lui fit aimer motifs et couleurs de nombreuses étoffes du commerce en tissus installé, au milieu du siècle dernier, Maison Des Têtes à Valence. Ainsi, alors que d'autres passaient leurs temps à “rouler leur bosse”, Félix Martin, assis devant son carton, reste sûrement une des très rares personnes au monde à avoir porté aussi haut l'art de “rouler sa bille”, mais pour cela il faut bille en tête, avoir l'amour de la bille...

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  • Plus de mots. Jamais.
    Seulement la langue alourdie
    Par le poison du désir.

    Plus de gémissements.
    Seulement les yeux élargis
    Par la violence des caresses.

    Plus de vains tremblements.
    Seulement le souffle qui s’éteint
    A force de tensions souterraines.

    Pour chasser l’insoutenable vide,
    Les creux s’emplissent de sang.
    Notre étreinte stérile a détourné
    Le martèlement de la vie.

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  • A l’ombre des géants
    Mes branches blessées se tendent
    En quête du vent éloigné
    Mes racines amoindries sont meurtries
    Par d’anciennes chaînes
    En absence de la fraîche rosée
    Et du brin d’herbe indocile.

    L’amoncellement des jours gris
    Etouffe ma plainte muette
    Quand la rose éphémère
    Par les mains d’un passant
    Est arrachée.

    Alors sous l’écorce nouée
    Un écho prisonnier rappelle
    Que ma sève a mille ans. 

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