• Cette nuit j'irai braconner
    à la dure en douce
    je dégrafe ma chemise
    je traverse la rivière
    Sur le sable de la berge
    les grillons entament leur chant d'appel
    dans la clairière je me tapis
    les buissons me harcèlent
    les ombres lunaires me cachent à demi
    à demi seulement
    la vieille lune souffle un nuage furtif
    Je fais la lune
    J'attends mon maître

    Je le sens
    son piétinement résonne à ma poitrine
    son souffle embrume la trouée
    ses flancs de cuir se campent
    soudain son œil se profile
    il a saisi ma présence
    à demi seulement
    je quitte mes buissons
    je me dresse à demi-nu
    pour le défier
    à demi-bête, à demi-dieu

    La tête basse,
    il me brave
    le combat sera rude
    il est de caste
    j'attends sa charge
    je l'appelle
    il piétine
    je déploie ma cape
    je vise son point de croix
    mais pas trop vite
    je serai insolent
    il sera instinctif
    j'éviterai son coup de corne
    il n'évitera pas la bataille
    première passe
    je me déhanche à son passage

    Il charge de nouveau
    j'emprunte à Rodolfo sa passe de cape
    passe élégante

    de la main gauche, passe naturelle

    je ploie et tournoie
    il frotte sa gueule en salive
    à mon torse en sueur
    il râle,
    olé

    Il rue en un tour de piste
    il enrage à l'autre bout
    et s'élance
    je suis
    face à lui, immobile,
    je garde les pieds joints,
    j'écarte les bras
    je rythme mon geste à sa charge
    pour l'estocade
    je dresse mon aiguillon
    mon corps se courbe à son passage
    de son oeil piqué jaillit un jet de sang
    en prière, comme au temple,

    je m'agenouille,

    il m'a jeté un sort
    .

    Au dernier acte le taureau joue avec mon ardeur
    pour apprivoiser nos terreurs.

     
     

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  • Il a touché les arbres, leurs feuilles se sont desséchées.
    Il a marché sur le gravier, le sang a coulé à flot.
    Il a touché mon genou, je suis boiteuse à présent.


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  • Le sang sur les ivoires blanches
    a giclé à la face de l'homme noir
    Il souffle son dernier soupir
    piétiné par l'animal monumental

    Aux côtés de l'homme
    sa femme au sein tranchée,
    son fils agonisant
    sa fille violée

    Dans ses journaux de plomb
    L'homme blanc
    Lance ses mots bleus
    Trempés au glaive de la Justice

    Les corps morts tressaillent
    Quand l'Histoire passe
    On a juste oublié
    Le sens moral.

    Reste le sang.


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  • Ils étaient trois cents dans le défilé
    Leurs armes étincelaient
    Ils étaient trois cents
    Pas un de plus, pas un de moins
    La liberté aux seins nus les appellait à l'infini
    Ils ont coiffé leur longue chevelure noire
    Qu'avaient-ils à redouter dix mille flèches
    Tous ont tenu leur promesse
    Retenir les flots, résister
    L'idée de sacrifice n'était pas dans leur coeur
    Juste mourir et pourrir là dans le défilé
    Pour que les peuples ne plient pas à genoux.


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  • He, réveillez-vous
    Le taxi est à sec
    Les snippers visent juste
    Découvrez-vous

    Doigt dressé
    Votre honneur
    Au bout de leurs tirs
    Les héros se dressent

    Passe-moi ta blonde
    Que je la fume
    Jusqu'au bout
    Cercles de bataille

    Tous les guerriers
    Des temps modernes
    Ont la même gueule
    Cassée de la grande guerre

    La liberté et la mort
    Enrage guerrier
    Le colonel est grillé
    Alors, que son monde tombe

    L'Histoire est à tes côtés
    Putain de garce, mon gars
    Elle nous a bien oubliés
    On revient morts-vivants.


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