• J'ai mis mon casque
    j'ai accroché mon paquetage
    je me suis assis dans la chaloupe
    j'ai craché dans la mer attentive
    j'ai regardé mes compagnons
    nos coeurs en vrac avaient le même tempo
    j'ai pas parlé
    j'ai pas prié
    j'ai regardé le ciel gris en reflet dans les eaux
    là-bas la côte fumait
    là-bas la brume accrochait son manteau de mort
    j'ai sauté dans les vagues d'écume
    rien de vénus
    il fallait faire le boulot
    j'aurai lancé ma lance
    j'ai lancé un cri
    je ne savais pas
    que la fureur m'envahirait
    je ne savais pas
    que la fureur me donnerait la force
    j'avais plus de mémoire
    j'avais plus de paradis
    j'allais mourir ou bien vivre
    dans les airs sifflaient les obus
    autour de moi les balles éclataient les corps
    je les ai vus flotter dans les nuages
    tous les guerriers de l'Histoire
    aux visages creusés, aux visages noirs
    ils se déployaient à nos côtés
    nous transmettaient leur rage
    et la mer vomissait ses vagues
    et le ciel noircissait le temps
    le jour J j'ai posé mes pieds
    sur une plage explosée
    y paraît qu'au bout la Liberté s'éveillait.


    votre commentaire
  • Ils prennent des lignes blanches
    celles qui conduisent derrière les miroirs
    leurs yeux se sont brisés aux brèches du temps
    y a des raptus qui explosent
    dans le camp adverse
    ils marchent à l'envers des paysages
    ça les repose
    les chèvrefeuilles et leur parfum
    les étoiles et leur scintillement
    ont le goût de pourrissement et de faux serments
    à quoi ça sert le néant des grands espaces
    ils s'essoufflent dans l'air impur des cimes
    les abimes au-dessous flottent à leurs jambes
    dans la poussière ils remontent
    le lit des rivières asséchées
    à la vue de leur file soldatesque
    les poissons y poussent des rires acérés
    le croassement rauque des corbeaux
    emplit le ciel blanc d'ozone
    et retombe en écho sur les granits violets
    bientôt les balles siffleront
    bientôt les bombes claqueront
    et leurs dents crisseront
    leurs mains trembleront
    leur ventre s'étouffera
    leur coeur cessera de cogner
    la mort prochaine étendra
    ses voiles gris sur la plaine
    rouge de la vie perdue


    votre commentaire
  • En ces moments
    ils se tiennent quelque part
    assis sur un rocher
    après les grands combats
    ils mêlent leurs repos
    la route est encore longue


    autour du feu de camp
    offre-leur un verre de vin
    et deux cigarettes
    cela leur fera du bien
    reste silencieuse
    ou chantonne de vieux refrains

     

    là couchés sous le grand arbre
    un lit de feuilles brunes
    pour manteau
    ils hument les fougères
    aux frondes dressées
    leurs tuiles arrondies évoquent
    des airs de toit maternel

     

    dans la nuit étoilée
    sous vénus et la lune
    ils campent
    en hommes blessés
    demain à l'aube
    ils repartiront
    pour l'ultime combat
    tu veilleras sur eux


    votre commentaire
  • A l'encre de vos veines, elle trempe sa plume
    Elle s'abreuve à vos fatals destins
    De demi-dieux démembrés
    Elle entrouvre vos lèvres de pandore
    Au fond de vos chairs ouvertes, elle fouille
    l'espoir ténu de vos jours premiers
    De vos fils d'inconscient, elle tend ses toiles arachnéennes
    Au cœur de vos labyrinthes, les yeux fermés, elle respire
    Le souffle du monstre né des amours transgressées


    Guerriers,
    Ne déposez pas vos armures étincelantes
    Elle vous emporterait aux enfers transfigurés
    Astre lunaire
    Elle s'enroule pour enfanter
    Vos nuits insensées
    Pour le temps de l'éphémère éternité
    Elle couperait vos lignes de vie
    Guerriers, fuyez la Moïra.


    votre commentaire
  • Guerrier aux mille blessures
    il s'allonge aux souvenirs
    de son enfance peuplée de cité
    ce n'est pas l'air marin
    qui l'a fortifié,
    ses brûlures viennent d'ailleurs


    Amazone aux mille nuits
    elle s'allonge aux lits défaits
    de son hystérie consommée
    ce n'est pas l'autel sacré
    qui l'a dressée,
    ses brûlures viennent d'ailleurs


    Amants conquis
    ils érigent les Babels fatales
    de leur rencontre improbable
    ce n'est pas l'ordre vertueux
    qui les unira,
    leurs royaumes viendront par-delà.


    votre commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique