• Il est apparu un soir de septembre
    Sous les néons d'un bistrot enfumé
    Voulez-vous prendre un verre avec nous
    M'a demandé son ami
    Mon regard cherchait le jeune homme resté assis,
    Je ne voyais que son dos droit et sa nuque relevée
    Tout était déjà écrit.

    Il est apparu une nuit de décembre
    Dans la salle de bal
    Voulez-vous danser avec moi mademoiselle
    Une voix a répondu
    Non, mademoiselle est avec moi
    J'ai croisé un regard bleu déjà aperçu et retrouvé
    Tout était déjà écrit.

    Il est apparu au midi de l'été
    Sur la place d'une ville du Sud
    La liberté et la mort m'a-t-il dit
    Je tenais entre les mains un vieux livre grec
    J'ai lu sur la couverture ou la mort
    En levant les yeux j'ai vu un sourire gourmand
    Tout était déjà écrit.

    Il est apparu un matin de mars
    Dans les rues d'une ville oubliée
    Je le suivais et j'épiais sa démarche
    J'avais rendez-vous avec un inconnu
    C'était lui
    Les mots nous ont échappé, juste les gestes
    Tout était déjà écrit.

    Il est apparu un après-midi de grand vent
    Dans le port d'une île bleue
    Je m'y étais réfugiée pour m'oublier
    Il m'a parlé dans une langue étrangère
    Je n'ai pas répondu
    Hélas le marin a parlé en français, aie aie, il va croire
    Tout est si souvent écrit.

     


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  • Le grand effaceur a broyé le blanc jasmin
    Des aimantes lettres échappées de nos mains
    Pourtant les voyages avaient un goût d'amande

    Les miroirs embrument les anciennes légendes
    Quand les neiges d'hiver sans espoir de printemps
    Alourdissent les chimériques sentiments

    La vieillesse édente de ses crocs les cambrures
    Drappe de ses difformes et froides parures
    Les tourments de la jeunesse creusée de joie.

    Les enfants se sont perdus au vent d'autrefois
    Leurs possibles vibrent aux grinçants violons
    Voilà comment s'envolent aux bleus les ballons

    Allons, tout passera, des îlôts surgiront
    Les océans seront la dernière demeure
    Vals immergés, moussant le rêve du dormeur.


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  • De quoi je dois te pardonner
    si tes gouaches n'ont plus le goût de mon pinceau

    De quoi je dois te pardonner
    si tu oublies de fermer la porte quand tu t'en vas

    De quoi je dois te pardonner
    si ma voix tremble dans le froid céleste

    De quoi je dois te pardonner
    si tes pas s'effacent dans le sable

    De quoi je dois te pardonner
    si les notes de mon piano se désaccordent à ton image.


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  • Le soleil s'est installé dans le vermeil, je choisis la table en bois pour rêver aux passantes en robes légères. Le café fume dans sa tasse blanche, j'allume une cigarette. Le café a du goût, ma brune aussi. Un vieil homme au dos courbé et son chien sont à la table à côté. Le garçon slalome entre les tables, préoccupé par son plateau en équilibre. La façade blanche de l'immeuble hausmannien se dresse en face du boulevard. L'heure de l'horloge se promène, tranquille. C'est déjà le printemps. Comment le soleil peut-il lancer ses rayons réconfortants à ma joue barbue alors que la guerre s'est installée depuis déjà trois printemps ? Ce soleil-là n'a-t-il donc aucun souvenir de la paix ? Il s'ébat joyeusement, insouciant à l'alarmante humanité. Un vent printanier s'annonce sur Paris. Les étoiles jaunissent sur les poitrines. J'attendrai des jours meilleurs pour sortir mon viseur.


    "La conjoncture historique qui rendait ces plans meurtriers réalisables n’existe plus ici et maintenant. Peut-être ne peut-elle exister qu’une seule fois. Mais la pensée conceptuelle qui fit du génocide l’instrument “sensé” d’une planification politique des structures et du développement reste toujours actuelle."
    Götz Aly et Susanne Heim, Les Précurseurs de l’extermination
    http://www.monde-diplomatique.fr/livre/shoah/chapitre

     


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  • Eh David
    Il est où ton putain
    De bar à whisky
    Je vais mourir avant

    Je te le dis
    J'ai déjà trop bu
    Elle est où l'entrée
    De cette foutue bouteille

    Eh Jim
    Pourquoi tu pisses
    En chantant
    Tu vas où clopinant

    On va tous mourir
    Viens vite la chercher
    Ma petite mort
    Dans ta bouche

    He Janis
    Mauvaise fille
    Montre-moi le chemin
    Le vieux Charles est perdu en hiver

     


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