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Par Corinne Valleggia le 21 Octobre 2007 à 20:10
Les notes jouées sur un piano triste
Dans une nuit d'hiver finissant
La cloche de l'église donne l'heure
Une femme chante, grave
Au-dessus des mondes noirs.Une façade grise, la rue en contrebas
Déserte
Ma tête pareille à tout cela
Rien au-dehors, rien au-dedans
Se pourra-t-il que le jour se repeuple ?
Quel jour ?
Tremblant.L'impossibilité de toucher
Cette angoisse flottante,
Pas même une angoisse.Chanceler face au rien
Rien la vie, rien les gestes,
Choisir de voir passer les temps
Et ne plus toucher
Sinon avec le regard éloigné.
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Par Corinne Valleggia le 30 Septembre 2007 à 14:54
Quand tes aïeux lisaient la Bible
Les miens chantaient l'Iliade.
Quand tes pères récitaient la Thora
Les miens priaient à genou dans la terre
A l'heure de l'Angélus.
Quand ta mère éloignait son regard du tien
Ma mère retirait sa main froide de la mienne.
Pourquoi, ce jour, marcherions-nous sur le même chemin ?
photo : Modimo
http://modimo.canalblog.com
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Par Corinne Valleggia le 13 Juin 2007 à 22:29
Des lettres de toi en écriture
Sympathique
Des visages de toi en couverture
Dans les nuits de mon lit
Les dieux forniquent
Dans les banquets ailleurs
Je crie de tous tes mots volés
Des lettres enflammées,
Des phrases effacées
Voilà mes offrandes
Coule le vin
Tourbillonne le cortège
Des bienheureux
Déversez votre miel
A mon bras
Et sur la page rien n'arrive
Impossible de t'avouer
L'âme bouleverséephoto Yves-Marie Jacob
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Par Corinne Valleggia le 16 Mai 2007 à 21:52J'ai bien envie de ta bouche grande
et des autres lieux de ton plaisir
mes doigts se posent là où tu gémis tant
que mes cuisses pleurent.
Dans la chaleur de midi nous goûtons
à ce flot retenu mille fois.
Ton visage et ton sexe se plantent dans le sol
Et moi au-dessus de ta chair
J'attise ton désir en mouvements étonnés.
Dans la claire nuit de ton île
Tu m'empales à la margelle d'un puits.
Nos doigts glissent par tous les creux de nos reins
Et ce plaisir qui nous lie, une seule journée,
S'expose à l'éternité.
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Par Corinne Valleggia le 15 Mai 2007 à 22:20
Dans la chambre de velours, le miroir silencieux réchauffe les jours et les nuits. Son ovale découpé dans le cuivre et son pied au feuillage baroque l'ornent comme les vêtements épousent le corps d'une femme. Sa surface lisse et froide s'embrume de tous les rêves qu'il a reflétés. Je recherche avec lui ces lieux bruissants où la vie ressemble à l'abeille bourdonnante de l'été, qui s'approche de la table encore garnie, quand s'endort, pour l'heure de la sieste, le père alourdi dans le fauteuil de toile, quand les enfants grattent l'allée de sable et quand la mère, lointaine et douce, balance son âme avec le vent adultère. Le miroir s'évade en milliers de souvenirs connus ou imaginés, jusqu'à ces amants impudiques dans la glace de l'armoire à linge quand les enfants s'endorment dans la nursery. Je goûte au reflet unique enfin du visage qui répond à mes sourires, ce visage, consentant et jamais farouche, qui est le mien. Je connais trop bien ses histoires et je me détourne guettant dans la rue l'inconnu qui a d'autres rêves. L'absence est l'unique bien.
Quelquefois, j'agite le bras au passage d'inconnus qui ne me reconnaissent pas. Le signe de l'humanité, incongru à cet instant, fait se détourner la tête des passants. La folie des autres gêne.
Je vagabonde sans chanson, sans mépris, sans rire non plus. Je n'ai pas l'âme légère ou boursouflée des mendiants heureux. J'ai la démarche tremblante et grave de la fraternité asservie à ses doutes cruels, à ses manques insatiables que je tente de combler dans le reflet, le reflet seulement, du regard des autres passants, dans les vitrines et les flaques. L'immensité de leur vie avec ses besoins, ses désirs, ses amours et ses soifs. Je bois et pourtant je suis assoiffée. Les sources se détournent. Sur la place, Saint Jean baptise le Christ et leur nudité en marbre plaît à mes délires. Un mirage est né du jeune homme nonchalant qui me suit un instant. Quand je me retourne, il a disparu ou il passe son bras à l'épaule d'une femme dans le soleil. Un rayon de pluie m'habite et je ne trouve aucun abri. Un vieillard courbé me veut du bien mais son désir funeste sent déjà la mort. A-t-il compris que j'étais mort-vivant ? Je ne sens plus les corpuscules du soleil qui tombent sur les ardoises rouges et ruissellent en marée sur les jambes nues des passantes. Je ne sais plus les titres noirs dans les librairies, ni les photos brouillées sur les pages des journaux qui racontent les pages d'ailleurs. Je n'ai plus en tête les croyances puissantes qui accompagnent les hommes, dieu, la connaissance, l'amour. La réalité n'est même plus une compagne aux arrondis banals. La divinité néfaste, qui marche à mes côtés, se plaît avidement à absorber tous les contours, tous les espaces de vérité, de liaison entre moi et le monde, la foule et lui.
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