• Demande-moi d'être Orphée
    Je prends ta main
    Et sans me retourner
    J'avance dans nos nuits.

    Quand tu es Ariane à Naxos
    Que ta ceinture est défaite
    Je te rejoins avec mes panthères
    Pour m'enivrer dans tes couches.

    Mais ne me demande pas d'être Thétis
    Et retirer de ton talon léger
    La flèche fatale.

    Dans la clairière de la trahison
    Lorsque tu dormais
    J'ai déposé entre nous l'épée d'Arthur, 
    Pour ne pas toucher ta lance aigüe.

    Dans ta bouche amère
    Je goûte le philtre d'Yseult
    Et m'empoisonne
    Pour te rejoindre dans tes chimères.

    Mais ne me demande pas
    De baiser tes lèvres froides
    dans le tombeau de Vérone.

    Je veux bien être Manon
    Et te trahir chaque nuit
    Si dans nos jours tu me rejoins
    Pour respirer nos corps aimants.

    Je te laisse boire le sang
    De mon cou meurtri
    Et s'il le faut je me damne
    Pour gagner l'éternité avec toi.

    Mais ne me demande pas
    De quitter mon enfant
    Ou je glisserais sous la roue du destin.

    Entre les pommiers en fleurs
    Je devine ta bouche
    Et je creuse ma côte mâle
    pour sculpter tes hanches.

    Dans mes voiles maudits
    J'enroule ta tête et je la tranche
    Si je peux goûter
    A tes pensées rebelles.

    Mais ne me demande pas
    D'être Marie
    Et porter dans mes bras ton sacrifice.


     


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  •  

     

    La guitare sèche au fond du pub
    Accorde sa complainte
    Eh Jack, donne-moi ta force d'oubli
    Pendant qu'elle fait sa grande dame
    Dans les bas-fonds verts
    Voilà que je titube sur le granit
    Ses yeux de louve se reflètent
    Dans les trottoirs humides
    Le brouillard tombe
    Je m'enroule dans ses peaux de serpent
    Mes jambes fléchissent
    Depuis qu'elle a oublié mes cuisses
    En mémoire de sa bouche d'ange
    Ma langue s'alourdit
    Je répands mon sang blanc
    A l'ombre de son palais
    Et mes veines palpitent de son manque
    Jadis nos corps s'arrimaient aux mêmes rimes
    Jadis tu m'aimais
    Ce n'était pas rien
    A jamais ton âme porte mon souffle
    Jusqu'au tombeau.

     

    Illustration :
    détail amazone bronze
    Paul Marandon
    http://www.paulmarandon.com/



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  • Je n'ai pas de souvenir
    Ce dernier baiser
    L'as-tu réellement déposé ?
    J'appartiens à ton monde intérieur
    Je suis veuve de toi
    Tu es sous terre et tu n'es pas sous terre
    Tu me tenais par la main
    Dans le froid de janvier
    Le ciel était bleu je crois
    Le souvenir est resté
    Le dernier, l'unique
    Je ne me suis pas retournée
    Tu n'étais déjà plus là
    Les portes du tramway ont grincé
    Il m'a éloignée de l'ultime sensation
    Ta main chaude dans la mienne
    L'enfer s'est dressé
    Des pans de murs dans la vie à jamais
    Toutes ces murailles érigées
    M'exilent de jour en jour de ta trace effacée
    Cette femme en robe noire qui me suit
    Pourquoi me chuchote-t-elle dans la nuque
    Le nom que tu me donnais
    Quel nouveau jeu inventes-tu
    Pour me rappeler à toi ?
    Illustration :
    fragment n° 30 marbre de Carrare
    Paul Marandon
    http://www.paulmarandon.com/

     


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  • Ça ne tourne pas rond
    Ma vie de soubrette
    Dans l'alcôve marron
    Ils soufflent mes œillettes
    Tous mes petits messieurs
    Qui brandissent leur fortune
    A mes jeux capricieux
    Faut bien gagner sa tune
    Y me font la révérence
    Pour mieux lapper leur enfer
    Et moi je m'en balance
    Je préfère ton regard vauvert
    Quand tu me mets à l'envers.

     

    Illustration :
    iles ménines, détail
    Paul Marandon
    http://www.paulmarandon.com/

     


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  • La mia bella dona
    je me coule oeuvre
    à tes pieds.
    Je me tapis
    aux ombres de tes sept collines.
    Au nom du père
    et de tous tes seins
    je bois à ton calice.
    Au sang de tous tes fils
    je suis crucifié.
    La mia bella putana
    sous ta lune haram
    ti voglio di bene.
    Mon jour de gloire
    s'effondre à tes armes.
    Ma citoyenne
    je marche à genoux
    pour sillonner ta liberté impure.
    Je romps tous mes serments.
    Toutes mes vérités
    je les abandonne
    pour boire en vampire soumis
    à ton sang d'immortelle.
    Gira gira
    Eppur si muove
    me souffle Galiléo.
    Renonce à tes sens
    me balbutie Boudha.
    Mais à tes vœux d'enfer
    je me soumets.
    En loup je cherche
    dans la lumière de tes nuits
    tes yeux de louve insoumise
    inch'allah


    Illustration :
    les dessous du paysage plâtre, verre ...
    Paul Marandon

     


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